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| - Candidat à la prochaine élection présidentielle, l'ancien vice-président nigérian Atiku Abubakar a pris pour cible le parti au pouvoir, indexant sa mauvaise gestion de l'économie.
"Aujourd'hui, nous avons le taux de chômage le plus élevé de l'histoire de ce pays", a déclaré M. Abubakar, lors d'un rassemblement en juillet 2018 dans l'Etat d'Adamawa. "Plus de 10 millions de jeunes sont au chômage."
Abubakar était en poste de 1999 à 2007. Il est candidat à un ticket du Parti démocratique populaire pour le scrutin du 16 février 2019.
Un lecteur nous a demandé de vérifier si ses affirmations sur le chômage étaient exactes.
Africa Check a envoyé des questions à Abubakar, à son équipe de campagne ainsi qu’à Nathaniel Otaba, qui gère sa campagne média en ligne. Mais nous n’avons reçu aucune réponse. (Remarque : nous mettrons à jour cet article si nous recevons une réponse.)
|AFFIRMATION
|VERDICT
|« Aujourd’hui, nous avons le taux de chômage le plus élevé de l’histoire de notre pays »
|PAS DE PREUVE
Les dernières données sur le chômage au Nigeria remontent à juillet et septembre 2017. Elles montrent que le taux de chômage du pays est passé de 16,2 % au cours des trois mois précédents à 18,8 %.
Il s’agissait de la douzième hausse trimestrielle consécutive depuis les trois derniers mois de 2014, alors que le chômage était de 6,4 %. (Note : l'économie du Nigeria a ralenti en 2014 et est officiellement entrée en récession en 2016. Elle n’en est ressortie qu'au deuxième trimestre de 2017.)
Mais en 2011, le taux de chômage était plus élevé, à 23,9 %, selon le rapport socio-économique annuel 2011 du Bureau national des statistiques.
Affaire classée? Non, car le bureau a révisé la manière dont il a calculé le chômage en 2014. Cela signifie que les deux périodes ne peuvent être comparées.
Dans l'ancienne méthode de calcul, toute personne travaillant moins de 40 heures était considérée comme sans emploi. Maintenant, le bureau des statistiques considère comme chômeur, toute personnes travaillant moins de 20 heures par semaine. Les personnes qui travaillent seulement 20 à 39 heures par semaine sont considérées comme sous-employées.
Un marché toujours fragile
"Il est inacceptable pour un candidat à la présidentielle de faire une telle déclaration car les méthodologies ont changé", a déclaré Sarah Anyanwu, professeur d'économie du développement à l'université d'Abuja. Elle a présidé le comité qui a examiné les statistiques sur le chômage en 2014. «Vous voyez qu'on ne peut pas comparer les taux de chômage comme cela».
Elle a ajouté que l'affirmation ne serait vraie que si la comparaison avait été effectuée après une période de changement de méthode.
Cependant, si l'ancienne méthode était utilisée pour calculer le taux actuel, le chômage pourrait bien être supérieur aux 23,9 % observés en 2011, a déclaré à Africa Check, Isiaka Olarewaju, directeur du bureau de statistiques.
L'organisme de statistique a expliqué, dans son dernier rapport: "Par conséquent, la population au chômage sous l'ancienne [méthode] équivaut à la population au chômage selon la nouvelle méthode, plus la population sous-employée selon la nouvelle méthode".
Dans les données les plus récentes, le chômage est de 18,8 % et le sous-emploi de 21,2 %. Selon l'ancienne méthode, les deux chiffres seraient combinés pour produire un taux de chômage de 40 %.
"L'augmentation des taux de chômage et de sous-emploi implique que, même si l'économie nigériane est officiellement sortie de la récession, le marché du travail intérieur reste fragile", note le rapport.
La définition officielle du chômage ayant changé, nous estimons que la déclaration n’est pas prouvée.
|AFFIRMATION
|VERDICT
|« Plus de 10 millions de jeunes sont au chômage. »
|CORRECT
Le Bureau des statistiques considère que la main-d’œuvre des jeunes concerne ceux dont l’âge se situe entre 15 et 34 ans.
Les données les plus récentes montrent que 25,5 % des personnes de ce groupe d'âge étaient au chômage au troisième trimestre de 2017, soit environ 10,96 millions de personnes. 11,68 millions de jeunes supplémentaires étaient sous-employés. Ce qui signifie qu'ils travaillaient moins de 20 heures par semaine.
"Les jeunes sont plus susceptibles d’être confrontés à des difficultés pour trouver un emploi à temps plein et sont plus susceptibles d’être complètement oisifs ou d’occuper un travail à temps partiel, de loisirs, volontaire ou subalterne de moins de 20 heures par semaine, d’être considérés comme sans emploi et sous-employés », indique le rapport de décembre 2017 sur la population active.
Traduit de l’anglais. Lisez la version originale.
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