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| - À La Baconnière, en Mayenne, le clocher d'une église a été détruit lundi en raison de la fragilité de l'édifice.La décision a ému bien au-delà du village, certains y voyant le signe d'un abandon de l'État, alors que des "milliers de mosquées" seraient construites.Une fausse information, démentie par les chiffres et les institutions religieuses.
L'émotion dépasse les frontières de La Baconnière. Dans cette commune de Mayenne, les cloches de l'église ont sonné pour la dernière fois ce lundi 31 juillet. Un ultime adieu avant que le clocher du bâtiment, dont la charpente en bois ne tenait plus qu'à un fil, ne soit décroché par une immense grue. Une opération due à la fragilité de l'édifice qui a fait pleuvoir une nuée de débris, comme le montrait notre reportage sur place.
La séquence, largement reprise sur Twitter, a provoqué de nombreuses réactions, de tristesse mais aussi de colère. "La France construit des milliers de mosquées et démolit ses églises", s'est notamment insurgé un internaute, dont le message cumulait ce jeudi près de 6 millions de vues. Nous avons voulu vérifier si cette affirmation était juste.
Tout d'abord, il faut commencer par tordre le cou à une idée partagée par cette publication. Non, "la France" ne construit aucune mosquée. Et pour cause, la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et de l'État a mis fin au régime du Concordat, interdisant dès lors le financement public de lieux de culte. Les mosquées ne sont donc pas érigées par "la France", mais par la communauté musulmane.
Dans un rapport sénatorial rendu en 2016 sur la place de l'islam en France, les élus observaient ainsi que la "construction et l'entretien des mosquées" étaient assurés "en grande partie par la communauté elle-même" et de façon "marginale" par des pays étrangers.
2623 lieux de culte, dont une majorité de salles de prière
Et quid des "milliers de mosquées" érigées dans le pays ? Il y a très précisément 2623 lieux de culte à destination des musulmans sur le territoire français construits depuis le début du siècle dernier. Mais toutes ne sont pas des mosquées, loin de là. De fait, le chiffre comptabilise la totalité des espaces réservés aux musulmans. Un ensemble dont "au moins les deux tiers sont de taille modeste, et très majoritairement des salles de prières", comme le précisait l'Observatoire de la laïcité dans son rapport annuel de 2019, soulignant que la progression du nombre de ces lieux de culte "était en très nette baisse depuis 2010".
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Deuxième religion de France - après le catholicisme - en nombre de fidèles, l'islam comptabilise cependant moins de lieux dédiés que le protestantisme, un culte "en expansion constante". En 2019, celui-ci comptait "plus de 4000 temples", dont plus de la moitié de courant évangélique. Des chiffres deux fois plus élevés que ceux cités plus haut. Et bien en deçà de ceux des églises catholiques. Dans ses états généraux de septembre 2016, la Conférence des Évêques de France recensait plus de 42.500 églises et chapelles paroissiales en France. Soit, vingt fois plus de lieux que pour les musulmans.
2190 églises reconstruites
Enfin, qu'en est-il de cette idée selon laquelle la France "démolit ses églises" ? Là encore, il s'agit d'une fausse information, démentie par la Conférence des Évêques elle-même. Depuis la séparation de l'Église et de l'État, 2190 églises ont été reconstruites après une démolition. "On fait souvent état des destructions d'églises, mais on oublie de préciser que beaucoup d'églises de propriété communales sont reconstruites", relevait ainsi la conférence épiscopale dans son état des lieux, y voyant le signe "du souci de mémoire, mais également de l'importance de ces édifices patrimoniaux aux yeux des communes propriétaires, qui sont elles-mêmes garantes de leur conservation".
À l'inverse, seules 140 églises ont été complètement désaffectées. L'étude avance plusieurs raisons à cette destruction, dont la désertification de certaines zones rurales ou une qualité architecturale moindre. En somme, la situation "n'est pas aussi dramatique que certains la décrivent, notamment lorsqu'ils proclament que nos églises sont en danger", concluaient les Évêques de France.
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