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| - L’apprentissage du piégeage des animaux est-il au programme du bac pro « nature »?FAKE OFF•Le militant écologiste et naturaliste Pierre Rigaux assure sur sa page Facebook que la formation du bac pro Gestion des milieux naturels et de la faune (GMNF) « inclut l’agrément de piégeur »
Léa Ménard
L'essentiel
- Le naturaliste Pierre Rigaux s’indigne dans une publication publiée sur sa page Facebook que le programme du bac professionnel Gestion des milieux naturels et de la faune (GMNF) prévoie le passage d’un certificat de piégeur.
- Pour le militant écologiste, il s’agit clairement d’une opération de lobbying des chasseurs.
- En réalité, si le piégeage est mentionné dans les plaquettes du programme du bac GMNF, le passage de l’agrément n'est pas officiellement obligatoire.
Qui part à la chasse, passe son bac ? Dans une publication très commentée sur sa page Facebook, le militant écologiste Pierre Rigaux assure que la formation au bac pro « nature », dont le nom officiel est Gestion des milieux naturels et de la faune (GMNF) « inclut l’agrément de piégeur », « un titre permettant de piéger les renards, martres, belettes…) ». Il appuie son propos en se référant à la plaquette d’information d’un lycée français qui propose ce diplôme.
« Le certificat de piégeur au programme du bac ! […] Que vient faire le piégeage dans une telle formation ? Ce bac pro est mené en partenariat avec la Fédération départementale des chasseurs. Ses représentants intervient [sic] régulièrement tout au long de la formation. Selon un responsable du lycée que j’ai contacté, une association de protection de la nature intervient aussi, en bonne entente (la Ligue pour la protection des oiseaux) ; selon lui, il n’y a pas de raison pour que les deux approches (chasseurs/association écologiste) soient en désaccord. […] »
Plus loin, Pierre Rigaux s’interroge : « pour parler d’écologie, d’agriculture ou de faune à des lycéens, a-t-on besoin de personnes dont la passion consiste à tuer pour s’amuser ? » La question est délicate… Pour le militant, il s’agit clairement d’activités qui profitent « au lobby de la chasse ». Mais est-ce que la première assertion, selon laquelle le passage de l’agrément de piégeur est au programme de cette formation, est correcte ? 20 Minutes fait le point.
FAKE OFF
Le piégeage fait effectivement partie des activités au programme de ce baccalauréat professionnel. Dans le dernier programme publié en 2018 par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, le piégeage fait partie de la liste des « opérations de régulation des populations » au même titre que « les prélèvements, capture, réintroduction, rempoissonnement ». D’après un document de travail qui donne les prochains référentiels du diplôme, le piégeage devrait toujours faire partie des acquis à maîtriser par les élèves à la rentrée 2022.
Concernant le caractère systématique de passage de l’agrément, cela semble dépendre de l’interprétation des programmes faite par les lycées. Dans un document de recommandations pédagogiques, daté de 2010, il est indiqué que « l’acquisition de l’agrément de piégeur pourrait compléter avec avantage le dispositif de formation ». Il n’est nulle mention d’une obligation pour les élèves d’acquérir cette reconnaissance officielle.
Un agrément « pas obligatoire »
Interrogé à ce sujet, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation a indiqué à 20 MInutes « qu’à ce jour l’agrément de piégeur n’est pas obligatoire ». Toutefois, « les jeunes peuvent se voir proposer de passer cet agrément dans certains lycées, mais ils n’ont pas l’obligation à le faire pour avoir leur bac. C’est une possibilité qui leur est offerte », complète-t-il. Toujours selon le ministère, « le piégeage doit être vu comme un moyen d’insertion professionnelle dès lors que l’on parle de lutte contre les espèces classées invasives ou nuisibles (ragondin, rat musqué, renard, sanglier, etc.) ».
Pour devenir piégeur agréé, il est nécessaire de participer à une session de formation au piégeage organisée par la Fédération des chasseurs de son département de résidence. L’agrément est ensuite délivré par la préfecture.
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