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| - La France représenterait moins de 1% des émissions mondiales de dioxyde de carbone, contre 30% pour la Chine.Mais cet argument, qui minimise notre responsabilité dans le changement climatique, est à prendre avec des pincettes.
En pleine COP27, Emmanuel Macron a voulu répondre aux internautes au sujet de son engagement en matière d’écologie. Ce qui a donné lieu à différentes questions, à des appels pour une politique plus verte et radicale, mais aussi à des messages totalement opposés.
Comme celui-ci, sur Twitter (nouvelle fenêtre) : "Bonjour Monsieur le président, saviez-vous que la France représente seulement…… 0,9 % des émissions de CO2 sur la planète et la Chine 30% à elle seule ?" Cet argument chiffré n’est pas nouveau et trouve écho, ces dernières semaines, auprès d'un certain public sur les réseaux sociaux. Il a un temps été repris par l'extrême droite, et notamment Éric Zemmour (nouvelle fenêtre), pour défendre le service minimum sur l'écologie. Pourtant, il est à considérer avec prudence, ne transcrivant qu’une partie de la réalité. De fait, cette donnée tend à minimiser notre responsabilité dans la hausse des températures. Et donc les efforts à fournir.
Des émissions dues à la production...
Le chiffre n'est pas faux pour autant : il est tiré de l’Atlas Mondial du Carbone (nouvelle fenêtre) de l’organisme Global Carbon Project et peut être visualisé sur le site Our World in Data (nouvelle fenêtre). En 2021, la Chine affichait le pire bilan mondial. Elle représentait alors 30,90% des émissions mondiales de dioxyde de carbone, avec 11,47 milliards de tonnes équivalent CO2 (Mt eq CO2), et la France 0,82%, avec 306 millions de tonnes. Sur le podium, la Chine est suivie des deux autres pays les plus peuplés du monde, les États-Unis et l’Inde.
Cela ne signifie pas cependant que la France n’ait quasiment aucune responsabilité dans la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Pour s'en rendre compte, il faut rapporter son empreinte carbone à sa population. Selon Global Carbon Project (nouvelle fenêtre), le pays émet ainsi 4,7 tonnes de CO2 par habitant.
Première en valeur absolue, la Chine reste devant, mais perd largement sa "médaille d'or" en étant reléguée à la 37e place, avec 8 tonnes par habitant. Avec cet indicateur plus réaliste, c’est le Qatar qui se trouve premier mondial avec une empreinte de 36 tonnes de CO2 par habitant, suivi de Bahreïn et du Koweït, des pays riches qui exploitent des hydrocarbures et comptent peu d’habitants.
... et celles liées aux importations
On le sait, le changement climatique s'accompagne d'une fracture sociale. Pour caricaturer, les pays riches polluent tandis que les pays pauvres subissent les conséquences de cette pollution. Tandis que l’Inde - et ses 1,4 milliard d’habitants - était troisième en quantité d’émissions de CO2 produites chaque année, elle se situe ici au 137e rang, avec 1,9 tonne par personne.
Il faut ajouter à cela un élément majeur, qui doit être compté dans l’empreinte carbone d’un pays : ses émissions importées. Et pour cause, le chiffre de 1% d'émissions mondiales n'intègre que le dioxyde de carbone dû à la production française. Et comme le souligne le Haut conseil pour le climat (HCC) (nouvelle fenêtre), "la contribution de la France au réchauffement climatique ne se limite pas aux émissions de gaz à effet de serre produites sur son territoire mais inclut aussi celles produites par ses échanges internationaux : transports, émissions exportées et émissions importées".
Une part qui se révèle importante en France, comme dans le reste de l'Europe. En 2020, le ministère de la Transition écologique (nouvelle fenêtre) rappelait que "les émissions associées aux importations représentent près de la moitié (49%) de l’empreinte" carbone du pays. En 25 ans, les émissions intérieures se sont d'ailleurs réduites de 31% tandis les celles associées aux importations se sont accrues de 12%.
Par habitant, cette part d’émissions importées a même augmenté de 78%, selon le HCC, passant de 3,6 tonnes à 6,4 tonnes équivalent CO2 entre 1995 et 2018. En confondant les deux données, un Français émet par conséquent 10 tonnes de CO2 en moyenne chaque année.
Autrement dit, la France a délocalisé ses émissions au fil des années en installant ses usines en Chine ou en Inde. Deux pays dont les émissions de CO2 sont justement "gonflées", souligne (nouvelle fenêtre) l’ONG Réseau Action Climat. Même si elle réduit depuis 2005 son empreinte carbone, comme le rappelle le HCC, la France n’est donc pas exemplaire. Et le chiffre de 1% d’émissions mondiales par an, pris isolément, non représentatif de la réalité.
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