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| - La campagne de vaccination contre le papillomavirus débutera ce lundi 2 octobre dans les collèges.Si le gouvernement assure qu'il permet d'éradiquer des formes de cancer, des internautes avancent que le vaccin augmenterait au contraire le nombre de cas.TF1info a sollicité l'Institut national du cancer pour y voir plus clair.
Annoncée il y a déjà plusieurs mois, la campagne de vaccination contre le papillomavirus débutera dans les collèges à partir du 2 octobre. Convaincu de l'utilité du vaccin, qui sera proposé aux filles comme aux garçons, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau en fait la promotion, assurant qu'il "permet d'éradiquer les cancers du col de l'utérus, mais aussi ceux du vagin, de la vulve, de l'anus". Sur les réseaux sociaux, le représentant du gouvernement est accusé de répandre des fake news. Dans les pays qui ont largement vacciné, on lit que les cas de cancer (du col de l'utérus en particulier) seraient en augmentation.
Un outil de lutte contre le cancer vanté par la science
Face à des discours aussi radicalement opposés, TF1info a sollicité l'Institut national du cancer (INCa) et son président, le Pr Norbert Ifrah. Ce dernier souligne en préambule qu'il est "beaucoup trop tôt pour évaluer le nombre de cancers chez les jeunes filles vaccinées, puisque l’âge médian de survenue du cancer du col de l’utérus est de 53 ans". Le phénomène de cancérisation, poursuit l'expert, prend "plusieurs dizaines d'années en règle générale".
Suite à une infection, la formation de condylomes et/ou de lésions précancéreuses intervient généralement entre 5 et 10 ans, alors que la cancérisation est plutôt observée en 25 à 30 ans. Une précision d'importance : un vaccin comme le Gardasil, développé pour lutter contre une série de papillomavirus humains, n'a été autorisé en Europe et aux États-Unis qu'en 2006.
L'essentiel des cancers liés à ces virus surviennent ainsi chez des femmes n'ayant pas été vaccinées. Quant à celles qui ont reçu une injection, il faudra encore patienter pour disposer de données consolidées sur la réduction des risques. Cela n'empêche pas Norbert Ifrah de vanter les atouts des vaccins, qui ont "démontré leur efficacité en vie réelle sur la prévalence des infections HPV et les lésions précancéreuses", les mêmes qui risquent à termes de conduire au cancer. Le président de l'INCa rapporte que des études scientifiques ont montré des résultats probants dans de multiples pays : "Australie, Suède, Écosse, États-Unis, Belgique, Allemagne", énumère-t-il... Mais aussi en Nouvelle-Zélande, au Danemark et au Canada.
Présenter les vaccins comme des facteurs de risque supplémentaire se révèle trompeur, surtout lorsque la recherche met en lumière "une diminution de l’incidence des lésions précancéreuses du col utérin de l’ordre de 90%". Un bénéfice majeur pour les femmes vaccinées, puisque "le lien entre la diminution des lésions précancéreuses et l’effet sur la survenue ultérieure de cancers est directement déduit de tout ce que la science connaît du cancer".
Il est hasardeux d'évoquer une "éradication" de ces cancers
Du côté de l'Institut national du cancer, on nuance les propos du ministre de la Santé. "Ce qui est en train d’être éradiqué", confie-t-on à TF1info, c’est "la circulation du virus et les lésions précancéreuses." Pour autant, "même en tenant compte de la protection collective qui interviendra" au fil du temps avec une progression de la vaccination, il serait prématuré d'en conclure "que les risques d’infection et de cancers deviennent nuls".
Plusieurs raisons sont avancées par le Pr Ifrah : le fait que "les vaccins ne couvrent pas toutes les souches, mais celles qui représentent 90% des cancers" (ce qui explique les dépistages menés entre 25 et 65 ans), mais aussi un "portage et une circulation minimes" du virus chez des non-vaccinés. À cela, le spécialiste ajoute que "des personnes d’autres pays, non vaccinées, peuvent séjourner sur le territoire" et qu'elles peuvent ainsi le transmettre.
À l'inverse, le responsable de l'INCa met en garde contre les discours associant vaccination contre les papillomavirus et hausse des cas de cancer. "Une augmentation des cancers du col de l’utérus a été observée dans plusieurs pays au début des années 2000", note-t-il, mais elle fut "très antérieure à la vaccination". Cette progression des cas "a touché prioritairement les tranches d’âge franchement supérieures aux 20-29 ans et donc des personnes non vaccinées". Les raisons de certains sursauts des cancers "méritent d’être investiguées en fonction du contexte de chaque pays, et à l’aune d’un certain relâchement dans les précautions vis-à-vis du risque vénérien", poursuit le scientifique.
Dans les pays qui ont commencé à vacciner massivement contre les infections à papillomavirus humain, des dispositifs de surveillance ont été mis en place. La Suède, l'Australie ou encore la Norvège peuvent compter sur des programmes de dépistage du cancer du col de l’utérus, glisse Norbert Ifrah. Au cours des dernières années, ces programmes ont commencé à intégrer des femmes ayant été vaccinées, et pourront donc fourni un suivi précieux de leur état de santé.
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