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  • L'ancien président de la République met en garde contre la menace d'un "dérèglement démographique" à l'échelle mondiale.Il s'agirait, aux yeux de Nicolas Sarkozy, de la première cause du dérèglement climatique.Un argumentaire dénoncé par les spécialistes du climat. Après son récent passage sur le plateau de TF1, Nicolas Sarkozy poursuit une tournée dans les médias, avec notamment une escale sur France 5. L'occasion pour l'instigateur du Grenelle de l'environnement en 2007 d'évoquer la question du dérèglement climatique. Un terme qui dérange l'ancien chef de l'État, estimant que le climat n'a jamais été "réglé" dans l'Histoire. En plateau, il a développé des idées présentées dans son dernier ouvrage et expliqué pourquoi le "dérèglement démographique" constituait à ses yeux un problème central. Soit la "première cause du dérèglement climatique", comme il l'écrit dans son récent essai. Des propos que contestent vivement les experts du climat. "Les combats environnementaux sont essentiels, mais derrière ça il ne faut pas qu'on nous resserve la vieille soupe d'extrême gauche contre l'économie de marché ! La première source de pollution mondiale c'est la surpopulation." Crise démographique : @NicolasSarkozy dans #CàVous pic.twitter.com/xE5B7lz6ov — C à vous (@cavousf5) September 6, 2023 Une analyse trompeuse sur un fond de vérité Avant toute chose, certains rappels historiques de Nicolas Sarkozy se révèlent justes. Comme il l'explique, la population mondiale a bel et bien connu une progression majeure depuis son année de naissance (1955) : de 2,5 milliards d'habitants, notre planète est passée à environ 8 milliards aujourd'hui. Une croissance démographique qui est en effet unique dans l'histoire de l'humanité. De la même manière, il est exact que la population de l'Afrique devrait doubler à l'horizon 2050, pour atteindre approximativement 2,5 milliards d'habitants. Néanmoins, l'ancien président fait bondir les spécialistes du climat lorsqu'il met en avant la démographie en la présentant comme une cause centrale du dérèglement climatique. Également interrogé par France 5, le chercheur et membre du Giec François Gemenne a tenu à souligner que l'on ne se trouve plus "dans une logique de bombe démographique comme on a pu le croire à la fin du siècle dernier". Et ce, "même si la croissance démographique pose des problèmes à certains endroits, en matière notamment de disponibilité des ressources". Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), dans son rapport annuel, a récemment rappelé que le Giec est très clair : "La hausse du produit intérieur brut (PIB) par habitant et la croissance démographique seraient les deux principaux facteurs d’émissions liées à la combustion d’énergies fossiles ces dix dernières années". Des projections qui "ne dépendent pas uniquement de la taille de la population". Partant du constat que "la croissance du PIB par habitant excède les gains d’efficacité", on observe "le rôle déterminant des habitudes de consommation dans les émissions". C'est également ce que martèle François Gemenne : "Il est important de bien délier les questions de démographie et de climat", lance-t-il. "C'est avant tout la manière dont nous avons organisé notre économie dans les pays industrialisés qui est en cause." L'UNFPA ajoute pour sa part qu'en "règle générale, les personnes aisées, qui peuvent consommer davantage, produisent plus d’émissions et ont un impact autrement important sur les changements climatiques. Or ces personnes ne représentent qu’une faible proportion de l’humanité." Certains chiffres illustrent de manière limpide ces analyses : "Sur 8 milliards d’individus, environ 5,5 milliards gagnent moins de 10 dollars par jour, une somme globalement insuffisante pour consommer significativement et contribuer réellement aux émissions", glisse l'institution en faisant référence aux travaux des spécialistes de climat. Une remise en cause de nos modes de vie Le Giec, dans son dernier rapport, soutient que "la vulnérabilité des écosystèmes au changement climatique sera fortement influencée par les modèles de développement humain passés, présents et futurs, y compris la consommation et la production non durables, les pressions démographiques croissantes et l'utilisation et la gestion non durables persistantes des terres, des océans et de l'eau". La démographie, on le constate, est citée et constitue l'un des facteurs à prendre en considération. Pour autant, ce sont en priorité nos modes de vie qui sont pointés du doigt. Les experts du climat mettent d'ailleurs en garde contre les discours qui pointent du doigt l'impact prépondérant des pays émergents, dont la croissance démographique mettrait en péril notre avenir. "Faire porter la responsabilité du changement climatique aux plus pauvres et, pire encore, aux Africains, est le summum de l’immoralité et de l’indécence", a réagi le climatologue et auteur du Giec Christophe Cassou, à la suite de l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy. Quand l'ancien pensionnaire de l'Élysée s'inquiète des projections démographiques du Nigéria (qui pourrait devenir le 3ᵉ pays le plus peuplé du monde en 2050), les scientifiques appellent à la mesure. Si l'on se penche sur la moyenne des émissions de CO2 par habitant, on constate que le Nigéria est bien loin des États du Golfe, de l'Australie ou des États-Unis. Le pays d'Afrique de l'Ouest est en effet classé à la 174ᵉ place (sur 217) en 2021. Du côté de Lagos ou Abuja, les grandes villes nigérianes, un habitant émet en moyenne 22 fois moins de CO2 qu'un Canadien, 13 fois moins qu'un Japonais et 7 fois moins qu'un Français. "C'est le mode de développement plutôt que la démographie qui est la clé", assurait en 2016 le climatologue Jean Jouzel. Il réagissait à l'époque aux propos du même Nicolas Sarkozy, qui assurait déjà que le "plus grand choc mondial" n'était pas climatique, mais démographique. Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur Twitter : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.
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