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| - Selon plusieurs publications, un ancien soldat nazi a été ovationné par les députés canadiens lors de la visite de Volodymyr Zelensky.Le président de la Chambre des communes s'est excusé publiquement, à la lumière de ces éléments qu'il assure découvrir.
Ce sont des applaudissements qui ne passent pas. D’après plusieurs publications, le Parlement canadien a ovationné un vétéran ukrainien, à l’occasion de la visite de Volodymyr Zelensky à Ottawa, le 23 septembre. Problème, l'homme aurait combattu dans sa jeunesse dans les rangs d'une division nazie. Une vidéo circule actuellement en ligne d’un vieil homme debout dans l’hémicycle, applaudi par les députés canadiens et le couple présidentiel ukrainien. Vous nous avez interrogés sur la véracité de cette information.
L'alerte d'une ONG
Cette vidéo est un extrait de CBS News, qui a couvert la venue de Volodymyr Zelensky au Canada et son discours à la Chambre des communes. Au Parlement, l’homme, qui se nomme Yaroslav Hunka, a été présenté par le président de la Chambre des communes comme "un ancien combattant ukrainien canadien de la Seconde Guerre mondiale qui s'est battu pour l'indépendance de l'Ukraine contre les Russes" et "un héros ukrainien et héros canadien", puis applaudi après Volodymyr Zelensky.
Pourtant, le Centre Simon Wiesenthal est revenu le lendemain sur son passé nazi. Dans un communiqué, l’ONG déplore qu’"à une époque de montée de l'antisémitisme et de distorsion de l'Holocauste, il est incroyablement troublant de voir le Parlement canadien se lever pour applaudir une personne qui était membre d'une unité de la Waffen-SS, une branche militaire nazie responsable du meurtre de Juifs et d'autres personnes et qui a été déclarée organisation criminelle lors du procès de Nuremberg".
Impliqué pour l'Église catholique...
La polémique est montée d’un cran dans la journée de dimanche et a conduit aux excuses publiques du président de la Chambre des communes, Anthony Rota : "J’ai depuis reçu de nouveaux renseignements qui me font regretter ma décision d’avoir présenté cette personne […] Je suis le seul responsable de cette initiative, l’individu en question étant une personne de ma circonscription dont on m’avait parlé". De son côté, le cabinet du Premier ministre, Justin Trudeau, a assuré ne pas avoir été "informé à l’avance de l’invitation ou de la reconnaissance'' de Yaroslav Hunka.
Mais alors, que sait-on de cet homme et de son passé ? CBS News a tenté de contacter l’entourage de Yaroslav Hunka, sans succès. D’après nos recherches, l’homme de 98 ans est aujourd’hui très impliqué dans la communauté catholique ukrainienne. Par exemple, en 2020, ses fils Martin et Peter Hunka font un don de 30.000 dollars à l’Institut canadien d'études ukrainiennes, affilié à l’université de l'Alberta, en hommage à deux figures du XXe siècle de l'Église catholique ukrainienne clandestine. Yaroslav Hunka, lui, est né en 1925 dans le village ukrainien d’Urman et "après la Seconde Guerre mondiale, il s'est installé au Royaume-Uni et a rejoint l'Association des Ukrainiens de Grande-Bretagne", peut-on lire dans une courte biographie réalisée par l’université de l'Alberta. "Il épouse Margaret Ann Edgerton en Angleterre en 1951, puis émigre au Canada en 1954 et s'installe à Toronto". Il vit depuis à North Bay, en Ontario.
... et mobilisé contre l'invasion russe
L’homme se mobilise également contre la guerre en Ukraine. Au printemps 2022, il participe à une manifestation contre l’invasion russe dans la ville de Grand Sudbury, selon la presse locale, qui le rencontre à cette occasion. Pas un mot n'est écrit sur le passé nazi de Yaroslav Hunka. En réalité, le premier à sonner l’alerte est le média Forward, qui fonde ses accusations sur une archive authentifiée par l’Associated Press. Cette photographie en noir et blanc montre huit membres de la division Waffen-SS de Galicie, en Ukraine. Au centre, au premier rang, l’agence de presse est parvenue à identifier Yaroslav Hunka.
D’autres éléments permettent de corroborer l’engagement de l’homme dans cette unité militaire nazie, à l’âge de 16 ans. Sur un blog d’anciens combattants, "Combatant News" en ukrainien, que nous avons pu consulter, Yaroslav Hunka a livré des détails sur son engagement dans la division nazie. En 2010, il publie notamment cette photo (nouvelle fenêtre) sous son vrai nom, avec cette légende : "Haidelager. Des garçons de mon village d'Urman, Berezhany Rajon. Je me tiens au milieu".
En 2011, dans un long billet (nouvelle fenêtre) signé, il témoigne de pans entiers de sa vie, et en particulier des "deux années les plus heureuses de (sa) vie" aux côtés de l’unité SS de Galicie. Il raconte l’occupation de la ville voisine par l’armée allemande dès 1941, la pose de portraits de "Hitler le libérateur" dans toutes les écoles, les "morts en héros dans les rangs de l'UPA, dans la division de Galicie" et puis la prison en Italie, après que la division SS "s'est rendue à l'armée britannique".
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Nul doute qu’il s’agit ici de Yaroslav Hunka. En 1939, il explique avoir 14 ans, ce qui correspond à son année de naissance (1925). Il raconte aussi "l’émigration ukrainienne", son départ pour le Canada, et évoque ses deux fils, Martin et Petro (Peter en anglais). En revanche, une autre photographie circule sur Twitter, mais ne montre pas l’homme dans sa jeunesse. Il s’agit en fait de Sorën Kam, un soldat nazi de nationalité danoise, qui est mort en 2015 sans avoir été arrêté et jugé pour ses crimes.
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