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| - L’entreprise Coca-Cola est accusée d’avoir dénoncé ses employés illégaux au département de l’immigration américain.Le récit n’est basé sur aucun élément factuel.La firme fait l’objet d’un boycott de la part de la population latino-américaine, qui la considère comme complice des politiques anti-immigration de Donald Trump.
"Apparemment, Coca-Cola est boycotté ? J'ai découvert pourquoi et la raison est folle", affirme un utilisateur américain sur TikTok (nouvelle fenêtre) dans une vidéo vue à ce jour plus de 670.000 fois. Et sur le réseau social chinois, il n’est pas le seul à raconter cette histoire : la firme américaine au célèbre soda aurait dénoncé ses propres employés, en particulier latino-américains, se trouvant illégalement aux États-Unis au Service de l'immigration et des douanes (ICE). Selon ces internautes, ces expulsions auraient pour objectif de satisfaire Donald Trump, qui a fait de l’immigration l'une de ses priorités.
Le récit est très populaire ces derniers jours sur les réseaux sociaux en anglais (nouvelle fenêtre) et en espagnol (nouvelle fenêtre), certains allant jusqu’à détailler les conditions de ces expulsions : Coca-Cola les aurait réunis dans une salle avant de licencier les employés afin qu’ils se fassent arrêter par des agents de l'ICE. D’autres utilisateurs sont même allés jusqu’à créer une vidéo générée par intelligence artificielle (nouvelle fenêtre) montrant cette scène, sans préciser que celle-ci n’était pas réelle. Enfin, dans certaines vidéos, des utilisateurs affirment que Coca-Cola se serait même excusé (nouvelle fenêtre). Une de ces affirmations en espagnol a été vue 25 millions de fois sur TikTok (nouvelle fenêtre).
Aucune trace d'expulsion ou de licenciements massifs
Les rumeurs d’une expulsion de travailleurs illégaux de Coca-Cola semblent aussi vaporeuses que les bulles de la boisson. Il n’est fait mention, ni sur le site (nouvelle fenêtre) ou les réseaux sociaux de Coca-Cola (nouvelle fenêtre), ni sur le site de l'ICE (nouvelle fenêtre) d’aucune expulsion liée à la firme américaine. Aucun média aux États-Unis ne s’en est non plus fait l’écho. Mais l’ampleur a été telle sur les réseaux sociaux que la société a dû démentir l'information (nouvelle fenêtre) auprès de plusieurs médias américains, affirmant qu’il s’agissait de fausses informations.
Mais alors, d’où vient la rumeur ? Selon le site américain de vérification Snopes (nouvelle fenêtre), elle s’appuierait sur le licenciement de "milliers de travailleurs latino-américains à l'usine d'embouteillage Cerberus au Texas", comme on pouvait l’entendre dans cette vidéo (nouvelle fenêtre) depuis supprimée. Or, cette usine n’existe pas, et la seule mention de licenciement de travailleurs de Coca Cola remonte à 2021 dans la région de Dallas-Fort Worth au Texas. Mais à l’époque, l’article ne mentionnait pas le statut d’immigré des employés, ou une quelconque implication des autorités de l’immigration. Il n’existe d’ailleurs aucun avis de licenciement dans les bases de données texanes (nouvelle fenêtre), ni en 2024 ni en 2025, comme l’impose la loi sur la notification des mesures d'adaptation et de reconversion des travailleurs (WARN) lorsque les licenciements concernent plus de 50 employés.
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Ce qui est réel en revanche, c’est que l’entreprise Coca-Cola, ainsi que d’autres marques symboles des États-Unis comme Starbucks ou McDonald’s, sont la cible d’un boycott de la part de la communauté latino-américaine baptisé "Gel latino" ("Latino Freeze" (nouvelle fenêtre) en anglais). Ces mesures sont notamment prises en réaction aux décisions de Donald Trump de mettre fin aux politiques de promotion de la diversité (DEI) (nouvelle fenêtre) dans les administrations, mais pas seulement : chaque agence fédérale a été invitée à identifier jusqu’à neuf compagnies (nouvelle fenêtre) sur lesquelles enquêter pour d’éventuelles pratiques DEI "illégales". Cependant, du côté de Coca-Cola, l’entreprise a prévenu ses actionnaires en décembre (nouvelle fenêtre) qu’elle bloquerait la proposition. On trouve d’ailleurs toujours une section DEI sur le site web (nouvelle fenêtre) de la firme à la boisson blanche et rouge.
Malgré ces positions claires, beaucoup reprochent à Coca-Cola des accointances avec le président américain, qui a de nouveau fait installer un bouton spécial dans le bureau ovale (nouvelle fenêtre) pour commander à sa guise du Coca-Cola light. Le 14 janvier dernier, cette collusion supposée s’est renforcée lorsque le PDG de l'entreprise, James Quincey, a offert à Donald Trump une bouteille de Coca-Cola Light personnalisée (nouvelle fenêtre) avec l'image de la Maison Blanche sur l'étiquette. Un cadeau pourtant effectué à chaque nouveau mandat par la firme américaine depuis 2005, quelle que soit l’affiliation politique du nouveau président. Un geste qui a cependant été vu comme un nouveau départ entre la firme et Donald Trump, l’entreprise ayant publiquement critiqué en 2021 l’attaque du 6 janvier du Capitole (nouvelle fenêtre).
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