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| - Des soldats nord-coréens seraient présents à Koursk auprès de l'armée russe.Une affirmation qui s'accompagne de rumeurs et de vidéos détournées.À ce stade, aucune preuve visuelle ne démontre leur déploiement sur le front.
Le déploiement de soldats nord-coréens aux côtés des soldats russes est indéniablement un tournant dans la guerre en Ukraine. Et entraîne son lot de spéculations et de fausses informations. En quête de la première image qui montrerait ces troupes venues de Pyongyang, des internautes partagent un peu trop hâtivement des vidéos qui prouveraient la présence de ces soldats. Nous les avons passées au crible.
Un volontaire chinois et des amateurs japonais
À commencer par cette vidéo (nouvelle fenêtre) parue dès le 2 novembre. Face caméra, un jeune homme apparaît en treillis militaire en plein repas. Sur son bras gauche, la lettre Z, devenue un symbole de soutien à l'armée russe et sur sa casquette, le drapeau russe. Il ne porte pas de patch précisant son identité. Qu'à cela ne tienne, les canaux qui partagent les images en premier assurent qu'il s'agit d'un soldat nord-coréen déployé en Russie.
Sauf que d'après la transcription audio réalisée par l'outil Gladia (nouvelle fenêtre), le soldat s'exprime en chinois. Une information que nous confirme David Serfass, maître de conférences à l'Inalco, spécialisé dans les études chinoises, selon qui l'homme "parle le mandarin sans accent".
L'intéressé apparaît par ailleurs sur une autre vidéo (nouvelle fenêtre) prétendument tournée en Russie, dès le 16 octobre. Soit plusieurs jours avant l'envoi des premières troupes nord-coréennes. Dans celle-ci, il se plaint de son sort, expliquant qu'il est obligé de marcher plusieurs kilomètres pour se rendre au point de ravitaillement tandis que d'autres soldats russes voyagent dans des véhicules, ou encore qu'il est obligé de couper du bois au lieu de s'entraîner au combat.
Vraisemblablement, le jeune homme est donc un soldat étranger enrôlé volontairement dans l'armée russe. Nous ne sommes toutefois pas parvenus à confirmer son identité ni s'il était bel et bien présent sur le front.
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D'autres photos, apparues une semaine après, révèlent quant à elle des combattants avec leur passeport. "La photo prise par un Russe montre un soldat nord-coréen tenant son passeport et son certificat de membre du Parti des travailleurs coréens", écrit l'auteur de la publication ce 10 novembre (nouvelle fenêtre). Une affirmation mensongère. En réalité, ces personnes se sont déguisées dans le cadre d'un festival qui se tenait ce jour-là à Saitama, au Japon.
D'autres photos publiées (nouvelle fenêtre) sur les réseaux sociaux révèlent ces mises en scène militaires. L'auteur même de la publication originale confirme (nouvelle fenêtre) dans d'autres messages avoir participé à cet événement d'airsoft, loisir qui consiste à utiliser des répliques d'armes pour se lancer dans des simulations militaires. Et reconnaît dans un message que c'est un "fake".
Une troisième et dernière vidéo vient quant à elle semer le doute. Vue plus de quatre millions de fois, elle illustrerait la première frappe de l'armée ukrainienne sur un soldat nord-coréen. Pour en savoir plus, nous sommes remontés jusqu'à l'origine de la séquence. Elle a initialement été publiée ce dimanche matin (nouvelle fenêtre) sur le compte Telegram officiel de "Peaky Blinders". Une unité de l'armée ukrainienne spécialisée dans les attaques au drone, dont la devise est devenue "trouver et détruire".
Or, dans sa publication, cette unité est bien plus prudente. Elle indique qu'il existe "une forte probabilité qu'il s'agisse d'un Coréen". Mais cette frappe ayant eu lieu à "cinq kilomètres" du front, derrière les lignes russes, toute confirmation sur l'identité du soldat est "impossible", reconnaissent les auteurs du tir.
Alors que peut-on déduire des quelques indices visuels ? Si l'équipement est bien soviétique (nouvelle fenêtre), d'après l'analyse d'une source militaire, rien sur le treillis ne permet de donner une quelconque indication sur l'origine du soldat. Et de fait, selon le ministre de la Défense ukrainien, les hommes venus de Pyongyang "sont mélangés aux troupes russes et leurs uniformes sont mal identifiés" précisément afin de rendre ce travail de confirmation laborieux.
Reste que l'équipement, le sac à dos et les bottes sont flambants neufs, pouvant signifier une très récente arrivée dans les rangs. Enfin, d'après les précisions de l'unité ukrainienne, la frappe a eu lieu près de Selydove, dans la direction de Pokrovsk. Soit à plus de 400 km de Koursk, où les troupes nord-coréennes seraient positionnées, selon des informations confirmées par l'Otan vendredi dernier (nouvelle fenêtre). S'il est donc plausible que ce soldat soit nord-coréen, la frappe ayant eu lieu du côté russe de la frontière, aucun indice ne permet de le confirmer.
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