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| - Coronavirus : Non, les autorités sanitaires n’ont pas tenté « d’enterrer » l’hydroxychloroquine avant la pandémieFAKE OFF•C’est ce qu’affirment plusieurs publications s’appuyant sur un avis de l’Anses et une proposition d’arrêté de l'ANSM datés de fin 2019
Tom Hollmann
L'essentiel
- Plusieurs publications sur les réseaux sociaux accusent les autorités sanitaires d’avoir tenté de se débarrasser des médicaments à base d’hydroxychloroquine avant le début de l’épidémie de Covid-19.
- En réalité, l’ANSM, l’Anses et le gouvernement ont simplement soumis l’hydroxychloroquine à prescription médicale, comme pour les médicaments à base de chloroquine.
- 20 Minutes fait le point.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) aurait-elle tenté « d’enterrer l’hydroxychloroquine » – cet antipaludéen dont l’inefficacité contre le Covid-19 a été démontrée –, et cela avant même le début de la pandémie ? C’est en tout cas ce dont l’accusent plusieurs publications partagées sur les réseaux sociaux et largement relayées auprès de la communauté anti-vaccination et covido-sceptique ces derniers jours.a
Ces publications, visibles sur Twitter, s’appuient sur un avis de l’Anses daté du 8 octobre 2019. Dans ce dernier, le directeur de la structure, Roger Genet, est sollicité par l’Agence nationale de sûreté du médicament (ANSM) afin de donner son avis sur la nécessité, ou non, de classer les médicaments à base d’hydroxychloroquine parmi « la liste II des substances vénéneuses », afin qu’il ne soit plus disponible en libre-service, mais sous prescription médicale.
Si de nombreux internautes, interloqués par le timing de cette décision, ont crié au coup monté, la décision des deux agences n’a pas de lien avec le coronavirus. On fait le point.
FAKE OFF
La proposition d’arrêté de l’ANSM et l’avis de l’ANSES sont tous les deux disponibles sur le site de cette dernière, qui n’est d’ailleurs sollicitée que lorsque « les substances, préparations ou médicaments […] sont utilisés en médecine vétérinaire », conformément au code de santé publique. Une fois la décision validée, c’est au ministre de la Santé, Agnès Buzyn à l’époque, de signer l’arrêté définissant la nouvelle classification de la substance en question.
Concernant l’hydroxychloroquine et sa classification parmi la liste II des substances vénéneuses, elle résulte de la volonté de l’ANSM d’uniformiser les conditions de prescription de la chloroquine (alors distribuée sous ordonnance) et de l’hydroxychloroquine (alors en libre-service).
« En 2018, les laboratoires Sanofi ont déposé à l’ANSM une demande de mise à jour des informations disponibles dans la notice et dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP) de ses médicaments à base de chloroquine (Nivaquine) et d’hydroxychloroquine (Plaquenil). Cette demande a abouti à une revue complète des dossiers d’autorisation de mise sur le marché (AMM) de ces médicaments par l’ANSM », a expliqué le service de presse de l’ANSM à 20 Minutes. « Suite à cette revue, il a notamment été décidé d’harmoniser les conditions de prescription et de délivrance entre ces deux médicaments, étant donné qu’ils appartiennent à la même classe thérapeutique et qu’ils ont des indications communes. »
Dans sa proposition d’arrêté, l’ANSM indique que la chloroquine est connue pour son potentiel génotoxique (qui peut compromettre l’intégrité physique ou fonctionnelle du génome), et que le même risque pour l’hydroxychloroquine, malgré le manque de données, « ne peut être exclu ». Cette dernière, note l’agence, ne doit ainsi « pas être utilisée au cours de la grossesse à moins que la situation clinique justifie la poursuite du traitement au regard des risques potentiels encourus pour la mère et le fœtus ».
L’hydroxychloroquine étant susceptible de provoquer, « directement ou indirectement », un danger pour la santé, l’ANSM a donc décidé de soumettre la distribution de médicaments à base de cette molécule à prescription médicale obligatoire avec renouvellement possible, sauf interdiction du prescripteur. Une proposition suivie par Agnès Buzyn, qui a signé l’arrêté le 13 janvier 2020, quelques semaines avant les premiers cas de Covid-19 dans l’Hexagone.
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