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  • Dans une vidéo, un agriculteur affirme qu'il produit des semences de tomates résistantes à la sécheresse.Il aurait "appris" à ses graines à vivre "sans eau" en arrêtant de les irriguer.Une "solution miracle" que nous avons voulu vérifier. On ne pouvait rêver mieux pour faire face au réchauffement climatique. Alors que le risque de sécheresse est déjà "avéré" dans plusieurs départements, un agriculteur arriverait à faire pousser des tomates sans eau. C'est en tout cas comme ça qu'est présenté Pascal Poot, "producteur de semences paysannes" au pied du plateau du Larzac. Cette figure de l'agriculture du sud du Massif central a été propulsée dans l'actualité par une vidéo rediffusée sur les réseaux sociaux (nouvelle fenêtre) ce dimanche 16 avril. Cette dernière nous présente le fruit de "35 ans de recherche" d'un agriculteur qui vend des graines de tomates "résistantes à la sécheresse". "Il paraît que je suis le seul au monde et le premier à avoir inventé une façon pour que les plantes apprennent à résister aux maladies et à la sécheresse", explique l'homme face caméra, ironisant sur ceux qui le présentent comme "le fou qui plante des légumes sans eau, dans des cailloux". Alors, ce petit commerçant a-t-il trouvé la solution miracle ? Pas d'irrigation, mais des précipitations C'est bien connu, certaines plantes subsistent dans des lieux où l'eau est absente. "Elles peuvent vivre au ralenti, stocker de l'eau - comme le cactus - ou plonger leurs racines, comme la vigne", liste Georges Pelletier. Auprès de TF1info, cet ancien directeur de recherches à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), rappelle cependant qu'une plante doit nécessairement consommer de l'eau (nouvelle fenêtre), "quoi qu'on fasse". Et de fait, la promesse de Pascal Poot est fallacieuse. Car s'il assure planter des tomates là "où il n'y avait pas d'eau", sa plantation est en réalité située dans une zone très arrosée. D'après son site (nouvelle fenêtre), il cultive ses tomates à Lodève, une commune qui enregistre "des précipitations importantes toute l'année, y compris lors des mois les plus secs", comme l'indiquent les données du Centre européen pour les prévisions météorologiques mises en ligne sur la plateforme Climate Data (nouvelle fenêtre). Même sans arrosage, ses plants peuvent trouver de l'eau. "S'il pleut beaucoup au printemps et que le sol argileux conserve efficacement l'eau, on peut faire l'hypothèse que son terrain accumule l'eau pour les tomates", avance ainsi avec précaution Anthony Guihur, chercheur en biologie moléculaire à l'Université de Lausanne. Il ne suffit pas de soumettre une plante à la sécheresse pour qu'elle s'adapteEtienne Bucher, chercheur en amélioration des plantes chez Agroscope Et quid des 35 ans de recherches qui ont permis à Pascal Poot de "développer les résistances" de ses tomates ? Il assure qu'à force de ne pas irriguer ses plantes, il a rendu ses graines moins sensibles au stress hydrique. Si cela lui paraît "logique", ce n'est pas le cas. Au contraire. Ses propos relèvent même de l'"absurdité génétique", selon l'expression choisie par Georges Pelletier. "Ce n'est pas le stress environnemental qui créé la mutation, mais le hasard", souligne l'ingénieur agronome membre de l'Académie des sciences. Analyse confirmée par Etienne Bucher. "Il ne suffit pas de soumettre une plante à la sécheresse pour qu'elle s'adapte", indique ce chercheur à l'Agroscope, le centre de compétence de la Confédération suisse dans le domaine de la recherche agronomique et agroalimentaire. Auprès de TF1info, il rappelle ce processus qui nous replonge en cours de SVT. "La plante va s'adapter à travers la sélection darwinienne, c'est-à-dire par la survie du plus fort. Ce sont donc des changements spontanés dans l'ADN de la plante - des mutations - qui peuvent donner un avantage à sa descendance". Pour celui qui travaille actuellement sur l'analyse de la transmission, ou non, de tolérance à la chaleur chez les plantes, ce qui est important dans le processus, ce n'est pas le stress environnemental mais "la sélection des meilleurs." Une sélection aléatoire Or, c'est justement ce que fait Pascal Poot. S'il parle "d'apprentissage" et se targue d'être "le premier à avoir inventé" cette technique, elle est en fait millénaire. Et elle s'appelle "la sélection variétale". "C'est une méthode très traditionnelle qui consiste à sélectionner des graines qui répondent à certains critères. Ici, la survie à la sécheresse", nous explique Anthony Guihur. Ce que confirme son confrère Etienne Bucher. "L'approche est très ancienne : on compare de nombreuses variétés dans un environnement choisi et on garde celles qui s'y comportent le mieux." Une méthode désuète, à cause des nombreuses pertes qu'elle engendre. "Très souvent, la résistance à un stress a un coût et peut fortement impacter le rendement de la plante", souligne ainsi le chercheur en amélioration des plantes chez Agroscope. Dans le meilleur des scénarios, cet agriculteur pourrait effectivement avoir sélectionné, grâce au hasard des mutations, une tomate plus résistante à la sécheresse (nouvelle fenêtre). Ce qui ne permet pas pour autant d'assurer que toutes les graines venues de ce terrain présentent cet atout. Car si l'agriculteur veut croire que "tout ce qu'une plante apprend dans sa vie, elle le transmet à ses graines", la réalité est plus nuancée. Oui, une "transmission de nature épigénétique" - qui repose sur des modifications de l'expression des gènes et non de leur séquence d'ADN - peut exister chez les végétaux. Les chercheurs qui s'intéressent à ce sujet parlent même de "mémoire des plantes", à l'instar de Sophie Brunel-Muguet. Chargée de recherche à l'INRAE au sein de l'unité Écophysiologie végétale à Caen, elle note deux choses en guise d'introduction. D'abord, il ne s'agit pas réellement "d'un apprentissage" de la tomate, mais davantage "d'une acclimatation progressive". Ensuite, il est plus juste de parler de "tolérance" à un stress, comme la sécheresse, que de "résistance", qui regroupe d'autres stratégies de survie. Cette mémoire – positive ou négative – s'observerait au cours du cycle de la plante et pourrait également être transmissible aux graines. Une théorie qui prend de plus en plus d'ampleur, mais qui en est encore à l'état de recherche. D’autant que, pour l'instant, les études à ce sujet montrent que ces événements sont observables "dans de très rares cas" et qu'"ils sont réversibles et pas uniformes", ajoute Anthony Guihur. "On ne sait pas comment cette marque apparait, on n'a aucun moyen de s'assurer qu'elle est transmise à une graine et surtout, elle ne survit pas sur plusieurs générations", argue le chercheur auprès de TF1info. Une affirmation confirmée par une étude récente à ce sujet. Publiée en février 2023 dans la revue Trends in Plant Science (nouvelle fenêtre), elle concluait que "jusqu'à présent, il n'existe pas de vision globale d'une mémoire épigénétique intergénérationnelle et transgénérationnelle des stress après la reproduction sexuelle". En résumé, si, pour l’instant, les résultats sur la question de l'existence d'une mémoire sur plusieurs générations de plantes ne sont pas fructueux, les chercheurs continuent de s’y intéresser. Preuve qu'il reste des choses à creuser. "La mémoire des plantes est l'un des nouveaux leviers d'amélioration", estime Sophie Brunel-Muguet. Mais il s'agit pour l'heure d'une science "extrêmement fine" dans laquelle "le timing de chaque événement par rapport à l’âge de la plante" peut tout changer. Comme souvent, on est donc loin de la "solution miracle" présentée dans cette vidéo. L'agriculteur diffuse des propos trompeurs en s'appuyant sur une méthode déjà bien connue. Sa semence ne présente aucune garantie de rendement, ni de résultat. Il lui est par ailleurs impossible de promettre qu'elle est "adaptée à la sécheresse". Et surtout, rien ne prouve que ses observations soient transposables à d'autres terrains, plus secs. Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur Twitter : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.
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