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| - Coronavirus : Un antibiotique efficace contre le Covid-19 interdit par le gouvernement ?FAKE OFF•Un tweet viral prétend que le gouvernement aurait interdit, par arrêté, la délivrance d'un prétendu traitement contre le Covid-19 aux personnes qui ne souffrent pas d'une angine
Alexis Orsini
L'essentiel
- Un arrêté adopté discrètement par le gouvernement viserait à empêcher la prescription d’un antibiotique prétendument efficace dans le traitement du Covid-19, selon un message très repris sur Twitter.
- A en croire son auteur, l’azithromycine est désormais uniquement prescrit aux personnes ayant réalisé un test prouvant qu’elles souffrent d’une angine.
- Si l’arrêté est authentique, il vise en réalité à éviter de prescrire des antiobiotiques lorsqu’ils ne sont pas nécessaires –pour une angine virale, notamment. De plus, l’azithromycine n’a pas prouvé son efficacité contre le Covid-19.
Le gouvernement a-t-il cherché à mettre fin discrètement, par le biais d’un simple arrêté, à la délivrance d’un antiobiotique prétendument efficace pour soigner les malades du Covid-19 ?
C’est ce que proclame un utilisateur de Twitter dans un message d’indignation publié le 14 décembre et rapidement devenu viral : « INCROYABLE ! […] Pour empêcher les médecins de soigner et guérir les malades Covid avec l’azithromycine ! Le médecin doit prouver par un test que le patient a bien une angine ! Sinon [il est] interdit au pharmacien de délivrer ! Ils sont fous ! »a
L’arrêté en question, dont il partage le lien, a bien été publié au Journal officiel. Comme son nom l’indique clairement, il vise cependant à établir « la liste des médicaments pour lesquels il peut être recouru à une ordonnance de dispensation conditionnelle », ainsi que « les mentions à faire figurer sur cette ordonnance »… Parmi ceux-ci figure l’azithromycine, dont la prescription n’est pas rendue interdite aux patients atteints du Covid-19, même si ce médicament n’a pas prouvé son efficacité contre cette maladie.
FAKE OFF
Comme le rappelle la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) sur son site, « l’azithromycine est un antibiotique utilisé depuis de nombreuses années, notamment dans certaines infections respiratoires bactériennes ».
« Si elle a montré une activité sur certains virus in vitro (donc en laboratoire), à l’heure actuelle, les données disponibles concluent à l’absence de bénéfice spécifique de l’azithromycine dans la prise en charge des patients atteints [du Covid-19] », poursuit-elle, en soulignant que « l’association azithromycine + hydroxychloroquine est fortement déconseillée en absence de bénéfice démontré dans la prise en charge des patients atteints [du Covid-19] à cause d’un risque accru d’effets indésirables graves, en particulier cardiaques. »
L’arrêté mis en avant sur les réseaux sociaux vise en outre un tout autre objectif que celui que lui prêtent certains internautes, comme l’explique à 20 Minutes Gilles Bonnefond, porte-parole de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) : « Quand un patient a une angine, elle peut être d’origine bactérienne ou virale. Si elle est virale, il ne sert à rien de prescrire des antibiotiques comme l’azithromycine. Mais si elle est bactérienne, ils doivent être prescrits, sinon il y a un risque de complications avec une atteinte des muscles cardiaques. »
Un arrêté visant à lutter contre la prescription inutile d’antibiotiques
« Le seul moyen de le savoir de quel type d’angine il s’agit, c’est de faire un test rapide d’orientation diagnostique, qui permet, à l’aide d’un coton tige mis dans la bouche, de vérifier en cinq minutes ce qu’il en est. L’idée, c’est que si le patient va d’abord chez médecin car il a mal à gorge, ce dernier lui fasse ce test avant de lui prescrire des antibiotiques. Mais s’il ne peut pas faire le test, il rédige une prescription conditionnelle et demande au pharmacien de faire le test avant de délivrer, s’il est positif, l’antibiotique », poursuit Gilles Bonnefond.
« Cet arrêté vise à lutter l’utilisation d’antibiotiques quand ils n’ont aucune efficacité et risquent au contraire de développer une antibiorésistance », poursuit le porte-parole de l’USPO.
Et son confrère Philippe Besset, président de la Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF), d’ajouter : « Ce circuit peut également être fait dans l’autre sens : une personne qui se présente en pharmacie pour un mal de gorge verra le pharmacien lui faire le test. Si l’angine est bactérienne, il est alors redirigé vers le médecin, qui lui prescrit des antibiotiques. Et si c’est viral, le pharmacien lui donne des médicaments traitant les symptômes : pastille, collutoire… »
« Il reste possible de prescrire des antibiotiques mais ce n’est pas conforme aux recommandations, les antibiotiques n’étant pas utiles en cas d’angine virale », conclut le président de la FSPF.
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