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| - Les députés ont débattu cette semaine de nouvelles mesures pour lutter contre les violences dont sont victimes les élus locaux.Des injures, menaces et attaques qui poussent chaque mois quarante maires à la démission, déplore l'élue RN Edwige Diaz.Si ce chiffre correspond bien à la moyenne des démissions mensuelles ces dernières années, les violences ne sont pas le seul motif qui les justifie.
Ces dernières années, les témoignages d'élus locaux agressés se sont multipliés (nouvelle fenêtre), poussant les pouvoirs publics à prendre de nouvelles mesures. L'Assemblée a notamment planché sur la question cette semaine, adoptant (nouvelle fenêtre) une proposition de loi renforçant la sécurité et la protection des maires et des élus locaux. Dans ce contexte, la députée RN Edwige Diaz a pris la parole dans l'hémicycle, mettant en avant les "agressions, injures, intimidations" dont "les élus locaux sont de plus en plus" victimes, faisant l'objet de nombreuses menaces. "Quarante maires démissionnent chaque mois à cause de ce fléau", assure l'élue (nouvelle fenêtre).
Un chiffre qui englobe toutes les démissions
À la tribune, la députée cite comme source de son chiffre l'Association des maires de France (AMF). David Lisnard, son président, l'a avancé il y a quelques semaines dans un entretien (nouvelle fenêtre) au Parisien : "Depuis le printemps 2020, le rythme des démissions est de quarante par mois", déplorait-il.
L'AMF, préoccupée par l'hostilité croissante à l'égard des élus locaux, dévoilait en novembre 2023 une enquête (nouvelle fenêtre) réalisée avec le Centre de recherches politiques de Science po (Cevipof) et portant sur la "démocratie de proximité". Dans le document de synthèse, on pouvait lire que "le nombre de démissions s’établit à environ 1300 depuis le mois de juin 2020, soit un rythme de 450 démissions par an (contre 350/an au cours de la précédente mandature)". Là encore, on retrouve une estimation de presque quarante démissions mensuelles.
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Si Edwige Diaz avance des données fiables, issues d'une vaste enquête réalisée auprès de plusieurs milliers d'élus locaux, elle en tire toutefois des conclusions contestables. Il est en effet essentiel de noter que les chiffres présentés par l'AMF concernent l'ensemble des démissions de maires, et pas uniquement celles qui seraient motivées par des violences à leur encontre. L'association met d'ailleurs en garde dans ses travaux, et juge qu'il "serait maladroit d’établir un lien de cause à effet direct" entre les violences constatées, indéniables, "et le nombre exceptionnellement élevé de démissions d’élus". Certes, "elles contribuent à installer un climat de fatigue et parfois d’agacement à l’égard de la puissance publique", mais un maire peut aussi invoquer d'autres motifs pour mettre fin prématurément à son mandat.
Le graphique ci-dessus, tiré du rapport de l'enquête de l'AMF, propose des pistes d'explication aux démissions observées chez les élus locaux. On constate que le "sentiment d'insécurité et de surexposition face aux comportements des administrés" est mis en avant, mais qu'il ne s'agit pas du motif le plus souvent avancé pour justifier la cessation anticipée d'un mandat. Sont ainsi évoquées les "trop fortes exigences des citoyens", les "relations de plus en plus compliquées avec les services de l'État", ou bien encore les "difficultés à concilier l'exercice du mandat et la vie personnelle". Parmi les autres raisons fournies, on peut noter dans une moindre mesure des "raisons de santé" ou "un manque de formation".
En résumé, il est donc vrai que quarante maires démissionnent en moyenne chaque mois dans notre pays. Il apparaît en revanche abusif de conclure que ces départs sont la conséquence directe des violences à l'égard des élus locaux, dont la recrudescence ces dernières années n'est pas contestée.
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