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| - Des mesures d'aide aux agriculteurs de plusieurs pays européens sont actuellement discutées à Bruxelles.L'idée serait de compenser un "déséquilibre" des marchés en raison de la guerre en Ukraine.Attention toutefois aux messages alarmistes qui évoquent la "ruine" des céréaliers, la situation est à nuancer.
En début de semaine, la Commission européenne a mis sur la table des mesures d'aides pour plusieurs pays européens. Il s'agit d'octroyer des fonds aux agriculteurs afin de compenser les pertes engendrées par la guerre en Ukraine, qui a déstabilisé le marché des céréales.
Ces informations ont été relayées de manière parfois exagérée et/ou trompeuse sur les réseaux sociaux (nouvelle fenêtre). "Vous pensiez que les céréales ukrainiennes étaient pour les pays d’Afrique. Non, elles ont été envoyées en Europe et elles ruinent les agriculteurs", peut-on par exemple lire. Une analyse réductrice de la situation.
Un écoulement des stocks qui déstabilise les marchés
En pratique, la Commission européenne souhaite octroyer un soutien de 56,3 millions d'euros à trois pays d'Europe de l'Est. 29,5 millions d'euros à la Pologne, 16,75 millions à la Bulgarie et 10,05 millions à la Roumanie, le tout financé par la réserve de la Politique agricole commune (PAC). Dans le même temps, Bruxelles ouvre la porte à un doublement de ces montants via des aides d'État. Il s'agit, apprend-on, de permettre une compensation des "pertes économiques dues à l'augmentation des importations de céréales et d'oléagineux" venues d'Ukraine, tout en cherchant à "limiter l'impact des déséquilibres du marché". Une telle aide doit désormais être validée par les États membres, à l'occasion d'une réunion fixée au 30 mars.
Pour comprendre les troubles observés sur le marché des céréales, il faut rappeler qu'en mai dernier, l'UE avait suspendu pour un an les droits de douane sur tous les produits importés d'Ukraine. Une décision qui visait à accompagner et soutenir l'économie du pays. Pour les agriculteurs ukrainiens, il s'agissait aussi de faciliter l'exportation des importants stocks de céréales, bloqués dans le pays en raison d'une fermeture de la voie maritime au niveau de la mer Noire. Cette solidarité inter-étatique s'est toutefois traduite au fil des mois par une hausse notable des arrivées de maïs, blé ou encore de graines de tournesol dans les pays frontaliers. Avec, pour conséquence, une déstabilisation des marchés locaux au détriment des agriculteurs.
Avant de conclure que la guerre "ruine" les céréaliers européens, il faut donc insister sur le fait que les troubles observés sont essentiellement constatés dans trois pays proches de l'Ukraine. La Hongrie et la Slovaquie, de leur côté, ne sont pas affectés de manière assez significative pour qu'un tel dispositif leur soit proposé, estime la Commission.
La France légèrement concernée de manière indirecte
Quelle est la situation côté français ? Faut-il redouter les conséquences de la guerre sur notre agriculture ? France Grandes Cultures, sollicité par TF1info, souligne que "les pays voisins de l'Ukraine sont certes en première ligne", mais que notre pays n'est pas totalement épargné. "L'impact", précise le syndicat transversal des grandes cultures, "se manifeste de façon indirecte." Nous nous trouvons sur "un marché mondial à la baisse, puisque les agriculteurs ukrainiens doivent vendre leurs céréales pour essayer de survivre et les écoulent même en dessous de leur prix de revient. Cela signifie que des importateurs et exportateurs ont accès à des céréales à très bas prix, ce qui a contribué à faire chuter les prix mondiaux et européens."
Les conséquences en France "s'avèrent sans doute moins importantes que pour les pays frontaliers qui se retrouvent avec des tonnes de produits qui arrivent chez eux. L'Ukraine avait de gros stocks à évacuer, on parle là de volumes considérables." C'est dans ce contexte que les aides européennes sont aujourd'hui discutées, la Commission souhaitant réduire l'impact sur les agriculteurs qui pâtissent du conflit.
Dans le futur, certains éléments pourraient conduire à une stabilisation de la situation. La probable entrée en matière des aides suggérées par la Commission, d'une part, mais aussi et surtout le fait que les importants stocks ukrainiens de céréales soient écoulés. Les volumes qui vont être amenés à transiter sont amenés à se réduire, alors même que la production du pays a été quasiment divisée de moitié (nouvelle fenêtre) en 2022. France Grandes Cultures redoute en tout cas que les avancées décidées à Bruxelles ne "permettent pas de compenser les déséquilibres du marché observé ces derniers mois". Si leur impact sera probablement notable dans les pays limitrophes en limitant les pertes, rien ne permet d'assurer qu'elles empêcheront de "tirer le marché commun vers bas".
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