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| - D'après une vidéo, des soldats russes disent avoir capturé une femme enceinte officiant dans l'armée ukrainienne.Les Ukrainiennes qui s'engagent peuvent quitter l'armée pour un motif de grossesse, de manière volontaire.
L’armée ukrainienne envoie-t-elle désormais des femmes au front ? Cette affirmation se trouve notamment partagée sur les réseaux sociaux, s'appuyant récemment sur une vidéo présentée comme la capture par les Russes d’une soldate enceinte. Dans cet extrait partagé par Vladimir Soloviev, propagandiste en chef du Kremlin, et par des anonymes sur TikTok, un homme que l’on devine être un soldat russe se filme avant d’appréhender un captif de l’armée ukrainienne. En russe, il intime "Mettez vos mains en l'air. Allons-y, mais lentement, sans précipitation. Ne bougez pas, je vais jeter un coup d'œil".
L’homme se dirige vers son prisonnier, qui s’avère une prisonnière et qui supplie, assise de dos sur l’herbe : "S’il vous plait, ne me frappez pas. Je suis enceinte". Le Russe s’interroge : "Que fais-tu là si tu es enceinte ?" La scène est alors utilisée par des comptes pro-russes pour démontrer que le président ukrainien envoie sans état d’âmes des femmes enceintes en zone de guerre.
5000 femmes sur la ligne de front
Pour rappel, tous les hommes valides et âgés de plus de 18 ans sont appelés à rejoindre les rangs de l’armée en vertu de la loi martiale décrétée depuis la guerre. Les femmes, elles, peuvent s’engager si elles le désirent. Ces dernières sont environ 60.000 à servir dans les forces armées ukrainiennes, d’après le ministère de la Défense. Parmi elles, 41.000 occupent des postes militaires et 5000 se trouvent sur la ligne de front. Mais que leur arrive-t-il en cas de grossesse ? Sont-elles forcées de rester à leur poste ?
En s’attardant sur cette vidéo, force est de constater qu’elle ne peut pas être avancée comme une preuve. En effet, plusieurs sites ukrainiens ont mis en doute la capture de cette soldate enceinte. Pour Without Lies, le site de fact-checking de l'ONG "Center for Analytics and Investigations", cette vidéo constitue une mise en scène. D’abord, la soldate n’est ni équipée correctement, ni armée, et elle parle russe. Ensuite, sa position de dos serait contraire aux règles de sécurité des soldats russes lorsqu’ils capturent des prisonniers.
Le ministère ukrainien de la Défense a aussi pointé les incohérences de l’équipement de la militaire. Après analyse, le centre de lutte contre la désinformation, affilié au ministère, estime que plusieurs éléments vestimentaires ne coïncident pas avec le récit officiel : "Aux pieds de la femme se trouvent des baskets ordinaires, qui ne sont pas des chaussures standards des forces armées. (…) De plus, la 'captive' a un ruban bleu sur la jambe, tandis que l'armée ukrainienne ne met pas de marques d'identification sur ses jambes".
Une "circonstance familiale" pour révocation
Par ailleurs, les femmes enceintes ne peuvent pas être appelées à combattre, comme le souligne Without Lies, ni même obligées d’y rester après avoir appris la nouvelle. "En vertu de la législation actuelle, la grossesse d'une femme militaire est un motif de licenciement volontaire", confirme à TF1info le Centre ukrainien des médias, chargé des demandes des journalistes étrangers. Ce qui induit que "les femmes ont le droit de continuer à servir si elles sont enceintes" mais qu’elles peuvent aussi demander leur suspension, le temps de leur congé maternité.
La grossesse fait partie de ces circonstances familiales pouvant en effet être utilisées comme révocation. "La révocation des militaires du service militaire s'effectue en raison des circonstances familiales suivantes ou d'autres raisons valables (si les militaires n'ont pas exprimé le désir de continuer leur service militaire)", selon l’article 26 de la loi de 1992 sur "le devoir et le service militaire". Parmi ces 12 motifs, figure le cas des "femmes militaires - en lien avec la grossesse".
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Cette liberté d’action laissée aux soldates peut expliquer cette autre image, ayant circulé il y a quelques mois, d’un uniforme spécialement conçu pour les femmes enceintes dans l’armée ukrainienne. Il arrive que des nouveaux modèles soient présentés, selon la presse ukrainienne. Cela se fait souvent à la demande des femmes servant dans l’armée et dont la morphologie est inadaptée aux tenues militaires, pensées pour des hommes. "L'État ne fournit pas d'uniformes spéciaux, mais des volontaires ont mis au point de tels uniformes et les fournissent aux femmes de service en cas de besoin", ajoute le Centre ukrainien des médias.
Les rumeurs sur l’enrôlement par l’armée ukrainienne de personnes âgées ou bien malades sont nombreuses dans le discours prorusse. L’objectif est de prouver que les forces ennemies manquent tellement d’hommes qu'elles peuvent appeler n'importe qui en tant que conscrit. Des scènes de "recrutement forcés" ont même circulé en nombre en début d’année. Celles-ci ne pouvaient prouver une "vague de mobilisation" dans le pays, ce qu’a d’ailleurs démenti Kiev à l’époque.
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