schema:text
| - Une vidéo impressionnante montre un immense incendie, présenté comme celui du "plus grand cimetière de pneus" au monde.La scène se passe bel et bien au Koweït, comme indiqué dans cette publication, mais elle n'est pas récente.Ces images remontent en effet à plusieurs années et le site en question a été totalement évacué depuis.
Une colonne massive de fumée noire. Au sol, une mer de pneus, à perte de vue. Des images qui interpellent, observées sur les réseaux sociaux depuis quelques jours par le biais d'une vidéo très largement repartagée totalisant déjà plus de 2,5 millions de visionnages. Cet incendie toucherait "le plus grand cimetière de pneus au monde, à Sulaibiya au Koweït" nous indique (nouvelle fenêtre) le compte qui relaie ces images. C'est vrai, mais un détail trompeur est ici oublié : il s'agit d'une séquence tournée il y a près de trois ans, sur un site désormais nettoyé de tous ses déchets.
Le plus grand cimetière de pneus au monde, à Sulaibiya au Koweït. pic.twitter.com/aAy3m4zmT4 — Youri 🦊🍃 (@Youridefou) June 2, 2023
Un désastre environnemental
Des recherches permettent rapidement de confirmer que cette scène a bien été tournée au Koweït, petit État de 4,2 millions d'habitants situé dans le golfe persique. La presse internationale, y compris française, évoquait en août 2021 le fait que la plus grande décharge de pneus du monde était en flammes. "Une décharge de pneus usagés de 25.000 mètres carrés qui est sujette aux incendies à répétition", notait (nouvelle fenêtre) Paris Match.
Grâce à des images satellites, il est possible de constater que le site de Sulaibiya a accueilli des pneus usagés (jusqu'à 7 millions ! (nouvelle fenêtre)) à partir de 2010 au moins. Il n'a alors cessé de s'étendre, jusqu'à 2017. À partir de cette date, plusieurs zones ont commencé à être évacuées. Jusqu'à ce que les flammes viennent consumer une partie des pneus, à partir d'octobre 2020, puis à partir d'avril 2021. Des incendies visibles depuis l'espace.
Ce gif permet de mesurer l'accumulation progressive de pneus à Sulaibiya depuis 2010, grâce à l'imagerie satellite. Le volume global a diminué à partir de 2017, tandis que l'on observe en janvier 2021 des flammes clairement visibles. pic.twitter.com/aGOmd27vjX — verif_TF1LCI (@verif_TF1LCI) June 6, 2023
L'authenticité de la séquence partagée sur les réseaux sociaux n'est pas ici remise en question, d'autant que les pompiers koweïtiens ont eux-mêmes relayé (nouvelle fenêtre) des images de leurs interventions sur le site. "Lorsque certains types de déchets brûlent ou lorsqu'ils ne sont pas traités pendant une longue période, ils libèrent des substances toxiques", témoignait (nouvelle fenêtre) il y a deux ans un ingénieur, interrogé par France 24. "Lorsque les pneus brûlent, ils libèrent une substance toxique, l'une des formes les plus nocives du carbone."
Face aux dangers pour la santé des habitants et aux risques environnementaux, les autorités ont décidé (nouvelle fenêtre) à la suite de ces incendies de procéder à une évacuation des lieux. En septembre 2021, le Koweït "a terminé de déplacer tous les pneus vers un nouvel emplacement à al-Salmi, près de la frontière saoudienne", expliquait (nouvelle fenêtre) l'agence Reuters, un lieu "où les efforts de recyclage ont commencé" pour valoriser les montagnes de pneus qui s'étaient accumulées au fil des ans. Du côté de Sulaibiyaqui, le pouvoir koweïtien a entrepris de développer une vaste zone résidentielle, voulant "construire 25.000 nouvelles maisons sur le site".
Preuve de ce grand nettoyage, les images satellites montrent aujourd'hui que les pneus ont disparu, laissant place à des paysages de sable plus habituels dans cette région du globe.
"La société EPSCO de Koweït City s'est vu confier la tâche de retirer progressivement le cimetière de pneus à partir de 2017", a glissé (nouvelle fenêtre) la firme allemande ARJES. Cette dernière rapporte quant à elle avoir "été approchée pour fournir la technologie de broyage appropriée". Pour s'assurer que les opérations se déroulent dans le respect des normes environnementales en vigueur, les pneumatiques doivent en effet "d'abord être déchiquetés puis soumis à une combustion par pyrolyse ou, après préparation appropriée, être utilisés comme additifs pour les revêtements routiers neufs".
Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur Twitter : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.
|