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| - Les agriculteurs français s'inquiètent du maintien de la suspension des droits de douanes sur les céréales ukrainiennes.La production du "grenier à blé de l'Europe" pourrait déstabiliser le marché, selon eux.Dans ce contexte, certains affirment en ligne que la plus grande ferme d'Ukraine se révèle plus vaste que le département du Jura. Une fausse affirmation.
À la mi-février, en pleine crise agricole, les États membres de l'UE se sont mis d'accord pour prolonger à partir de juin une exemption des droits de douane relative aux importations agricoles ukrainiennes. Si cette décision vise à soutenir l'économie de Kiev, très largement malmenée par le conflit avec la Russie, elle fait grincer des dents dans le monde paysan. La limitation (nouvelle fenêtre) des importations de produits qualifiés de "sensibles" a beau être mise en avant, beaucoup craignent en effet que l'afflux de produits ukrainiens ne vienne déstabiliser un marché européen déjà très fragile.
En marge de ces mesures et alors que le Salon de l'Agriculture se poursuit à Paris, un message posté sur les réseaux sociaux nous assure (nouvelle fenêtre) qu'une ferme absolument gigantesque est exploitée en Ukraine. Sa superficie ? "515.000 hectares", soit plus qu'un département français tel que le Jura (qui affiche lui 499.900 hectares). "Comment nos petits agriculteurs peuvent-ils lutter à armes égales avec ce géant des céréales ?", poursuit l'internaute qui relaie ces chiffres.
Une série de fermes exploitées à travers toute l'Ukraine
La publication relayée ces jours-ci est en réalité la copie d'un autre post, presque identique (nouvelle fenêtre) et mis en ligne sur le réseau social X début février. Ce dernier ajoutait toutefois un élément important au texte et permettant d'en éclairer le contenu : le lien vers une publication sur le site internet terraHORSCH. Fabricant allemand de produits agricoles, Horsch réalise des articles à destination des professionnels et les rassemble dans une revue, autour de thématiques en lien avec la culture céréalière. Dans le numéro 21, la firme proposait à ses lecteurs un gros plan (nouvelle fenêtre) sur un "consortium agricole XXL" ukrainien nommé Kernel.
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Contrairement à ce que laissent entendre les messages sur les réseaux sociaux, aucune ferme ne s'étend en Ukraine sur une superficie de 515.000 hectares. En effet, une telle surface au sol correspond au total des parcelles exploitées par cette société, présentée comme le leader mondial de la production et de l’exportation d’huile de tournesol. Horsch, dans son article, propose une carte sur laquelle figurent les emplacements des vastes étendues cultivées. Des surfaces, "bureaux, silos et moulins à huile" qui sont "logistiquement bien répartis sur une grande partie du pays", peut-on lire.
Journaliste pour La Croix et ancien correspondant en Ukraine, Alain Guillemoles a cosigné sur un blog du quotidien un article (nouvelle fenêtre) dédié à l'agriculture ukrainienne. L'occasion pour lui d'évoquer les vastes exploitations qui se sont développées dans le pays. "Avec la chute du communisme, les centaines de milliers d’hectares des kolkhozes (de gigantesques fermes contrôlées par l’État durant la période soviétique) ont été partagées entre tous les travailleurs", écrivait-il en 2017. "Aujourd’hui, les terres agricoles ukrainiennes appartiennent à des milliers de micro-propriétaires. Ils ne possèdent parfois que quelques ares. Ces terres sont mises en commun puis exploitées par de gigantesques fermes".
Avec le déclenchement de l'invasion russe, l'activité d'un géant tel que Kernel a été profondément bouleversée. Alors qu'en 2020, la firme s'enorgueillissait (nouvelle fenêtre) de devenir "la première société dans l'histoire de l'Ukraine à exporter 8 millions de tonnes de céréales", elle a "été cueillie" par la guerre, résumait (nouvelle fenêtre) le site luxembourgeois Paperjam, spécialisé dans l'actualité économique. Kernel, avec ses "12.000 employés", ses "50 tracteurs à 24 rangs de semage", ses "3500 wagons à céréales" convoyant vers les ports et ses "deux terminaux en eau profonde", redoutait une réduction drastique de son activité à cause du conflit. Suite aux premières attaques russes, le ministre ukrainien de l'Agriculture estimait ainsi que seuls 50 à 70% des terres cultivables pourraient finalement être exploitées. Signe de l'impact majeur de la guerre, la presse a rapporté (nouvelle fenêtre) que Kernel a d'ailleurs vu en 2022 son chiffre d'affaires diminuer de plus de 20%.
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