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| - Le Pérou a déclaré l'état d'urgence sanitaire ce lundi face à l'explosion de cas de Guillain-Barré, une affection des nerfs périphériques.Certains font le lien entre ce phénomène et la vaccination contre le Covid-19.Si les causes de ce syndrome ne sont pas connues, faire le lien avec la vaccination est trompeur.
Cela fait plus d'un an et demi qu'une partie du monde est largement vaccinée contre le Covid-19. Depuis, aucune des terribles prédictions des opposants à la vaccination ne s'est réalisée. Pourtant, les plus réfractaires continuent à chercher dans l'actualité de quoi alimenter leur récit. Dernier exemple en date, la déclaration par le Pérou de l'état d'urgence sanitaire ce lundi 10 juillet suite à une explosion anormale des cas de Guillain-Barré.
Parfois, les commentaires qui accompagnent la nouvelle sont évasifs, quand d'autres font clairement le lien avec la vaccination contre le Covid-19. "Non rien", écrit ainsi un internaute dans un message plein de sous-entendus, quand un autre met en avant les chiffres de la couverture vaccinale au Pérou. "L'arme biologique semble avoir des effets", commente plus directement un troisième. Sauf qu'établir un tel lien de cause à effet est malhonnête.
Une épidémie similaire en 2019
Pour rappel, cette maladie rare (nouvelle fenêtre) provoque une neuropathie aigüe paralysante. Elle peut entraîner une faiblesse musculaire et la perte de sensation pouvant aller jusqu'à la mort. Elle est de nature post-infectieuse, ce qui signifie qu'elle est "le plus souvent" déclenchée par une infection, bactérienne ou virale, ou "plus rarement par la vaccination", comme le souligne l'Organisation mondiale de la Santé (nouvelle fenêtre). En septembre 2021, le vaccin AstraZeneca a ainsi fait l'objet d'une alerte de l'Agence européenne des médicaments (EMA). (nouvelle fenêtre)Le régulateur européen soulignait à l'époque que le syndrome de Guillain-Barré (SGB) pouvait être un effet indésirable "très rare" du vaccin suédo-britannique, avec 883 cas répertoriés à travers le monde. Soit moins d'un cas sur 10.000.
Il est vrai que le Pérou possède une couverture vaccinale parmi les meilleures au monde. Plus de 84% de la population y est protégée contre le Covid-19, selon les données officielles mises en ligne par Our World in Data (nouvelle fenêtre). AstraZeneca est toutefois loin d'y être favori. La population a plébiscité le vaccin de Pfizer et BioNTech, ainsi que le vaccin chinois de Sinopharm. Seule 9% de la population (nouvelle fenêtre) a été immunisée avec le produit qui a fait l'objet d'une alerte.
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Alors, quelles sont les autres causes possibles ? Comme relevé plus tôt, ce sont habituellement des infections qui déclenchent la maladie. Ici, deux d'entre elles attirent particulièrement l'attention des autorités (nouvelle fenêtre).
La première est la dengue, à l'heure où le Pérou subit une épidémie historique (nouvelle fenêtre)de cette infection transmise par le moustique. La "corrélation" entre les deux a en effet été largement documentée par plusieurs études (nouvelle fenêtre), bien que le virus Zika reste la seule maladie transmise par un moustique dont le lien avec le syndrome de Guillain-Barré a été confirmé. Avec une augmentation de 111% des cas en juin par rapport à la même période en 2022 et de 89% par rapport à 2017, la dengue pourrait être à l'origine des cas de SGB, dont les symptômes se manifestent en moyenne six à onze jours après l'infection.
Une autre hypothèse est celle d'une infection à "Campylobacter jejuni", du nom de cette bactérie responsable de diarrhées. Car c'est précisément celle-ci qui est à l'origine de l'une des plus graves épidémies de SGB de l'histoire du Pérou. En 2019, soit bien avant la vaccination contre le Covid-19, le pays d'Amérique du Sud avait en effet enregistré environ 900 cas, dont plus de 300 sur le seul mois de juin. À l'époque, la ministre de la Santé avait déjà exclu tout lien avec les vaccins (nouvelle fenêtre)contre la rougeole, émettant plutôt l'hypothèse d'une infection. Deux ans plus tard, une équipe internationale de chercheurs spécialistes de la question (nouvelle fenêtre) était parvenue à établir le lien entre la présence de cette bactérie transmise par la viande et l'épidémie.
En résumé, la vaccination n'est aujourd'hui pas une piste crédible aux yeux des autorités, dans un pays où les infections qui peuvent déclencher un syndrome de Guillain-Barré sont nombreuses. C'est pourquoi le ministère de la Santé a annoncé dans son communiqué "enquêter" sur les cas afin de "vérifier s'il y a eu des infections respiratoires, des maladies diarrhéiques aiguës ou des infections par des arbovirus [virus transmis par un moustique, NDLR]", dans les quatre semaines précédant les symptômes. À l'heure actuelle, "plusieurs cas" de Campylobacter jejuni ont été identifiés dans les échantillons de patients, précisait le ministère.
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