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| - Le directeur d'un think tank met en garde contre une arrivée au pouvoir du Nouveau Front Populaire.Elle s'accompagnerait selon lui de la remise en liberté de 20% des détenus français en l'espace de "quelques semaines".Si la gauche entend repenser le système carcéral et le réformer en profondeur, aucune libération d'ampleur n'est en réalité au programme.
"En 1981, François Mitterrand a fait libérer 5000 détenus pour "fêter" son élection", assure (nouvelle fenêtre) dans un fil de messages sur le réseau social X le directeur de l'Institut pour la justice, un think tank généralement décrit comme "conservateur". Si Pierre-Marie Sève fait ici référence à l'ancien chef de l'État socialiste, c'est avant tout pour alerter sur les conséquences possibles d'une arrivée au pouvoir du Nouveau Front populaire (NFP) suite aux élections législatives. Elle se traduirait en effet selon lui par la libération de "20% des détenus de France" en seulement "quelques semaines".
Aucune trace d'une telle mesure dans le programme
Dans le "contrat de législature" proposé par le NFP, seules quelques lignes évoquent la question des prisons et des conditions de vie des détenus. Les mesures suivantes sont ainsi présentées : "Agir contre la surpopulation carcérale, assurer des conditions dignes de détention et donner les moyens à l’administration pénitentiaire et judiciaire de réaliser sa mission en toute sécurité".
Il n'est ici pas fait mention d'une libération de détenus, encore moins parmi les premières mesures qui seraient instaurées. Ce programme ayant été bâti dans un laps de temps très restreint, il est possible de se référer aux propositions qui étaient soutenues par les différents partis qui composent le NFP en 2022, à l'occasion de la dernière élection présidentielle.
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Si la France insoumise a défendu une libération de prisonniers au cours de la campagne de Jean-Luc Mélenchon, celle-ci prenait en pratique la forme d'une amnistie. Il faut surtout noter qu'elle ne concernait qu'un nombre très réduit de personnes détenues, puisque la mesure visait à remettre en liberté des participants au mouvement des Gilets jaunes. Chez les socialistes ou les communistes, on ne retrouvait pas non plus la volonté de vider les prisons, même si les programmes respectifs des partis prévoyaient des mesures de lutte contre la surpopulation carcérale.
Sollicité par TF1info, Christian Picquet confirme que la libération de 20% des prisonniers évoquée en ligne est "une interprétation qui ne trouve confirmation dans aucun texte écrit d'un parti membre du Nouveau Front populaire". Cet ancien conseiller régional, qui a porté la voix du PCF lors de constitution du contrat de législature de la coalition de gauche, assure que l'on "ne définit pas une nouvelle politique carcérale en 15 jours par décret". Pour cela, il faut, dit-il, respecter "le temps de la concertation et du débat parlementaire". S'il y voit une "urgence sociale" dans un contexte de "montée des violences dans notre société", il confirme que la gauche ne chercherait pas à légiférer instantanément sur la question carcérale une fois au pouvoir, et qu'elle ne porte pas de mesure visant à libérer plusieurs milliers, voire dizaine de milliers de détenus.
Réticent à l'instauration d'une "politique laxiste", Christian Picquet rappelle en passant que Fabien Roussel et le PCF ont avant tout défendu par le passé "un plan de recrutement de surveillants et de conseiller pénitentiaires d'insertion et de probation". Ainsi qu'une large campagne de "rénovation des lieux de privation de liberté".
Une réduction du nombre de détenus reste envisagée
Si une vaste amnistie ne serait pas défendue par un NFP arrivé au pouvoir, il faudra s'attendre à ce que la question des conditions de détention et de l'organisation du système carcéral soit revue. Les mesures défendues ces dernières années par LFI, les écologistes ou le PCF sont en effet semblables sur de nombreux points. Ces partis partagent la volonté de repenser les peines infligées : "Nous recourrons davantage aux alternatives à l’incarcération", clamait (nouvelle fenêtre) ainsi Anne Hidalgo lors de la dernière présidentielle.
Le PCF expliquait (nouvelle fenêtre) quant à lui que la détention préventive serait "limitée", en particulier "pour les délits et infractions relevant des tribunaux correctionnels", ou que "l’enfermement des jeunes de 13 à 16 ans" se verrait "supprimé". Les écologistes souhaitaient de leur côté procéder (nouvelle fenêtre) à "une révision générale des peines, en réexaminant notamment les peines de prison de courte durée au regard des dispositifs de travaux d’intérêt général et des peines alternatives". Une position dont LFI semblait proche en apparences, puisque le parti présentait (nouvelle fenêtre) la prison comme "un lieu d’embrigadement et de constitution de réseaux", regrettant que "les peines de probation" soient "trop peu prononcées".
À moyen et long terme, l'application des mesures jadis portées par les membres du NFP contribuerait à faire baisser le nombre de détenus dans les prisons françaises. Difficile toutefois d'évaluer dans quelles proportions, ainsi que la manière exacte dont les partis membres d'une coalition de gauche décideraient de procéder, leur programme commun n'ayant pas tranché cette question précise. Surtout, il est totalement improbable que des mesures soient prises dans des délais très courts après une victoire aux législatives, les représentants du NFP souhaitant "une vaste consultation, avec en premier lieu les acteurs du monde de la justice". Les syndicats de surveillants pénitentiaires et de magistrats seraient ainsi sollicités avant la tenue d'un débat parlementaire.
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