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| - Le député LFI Manuel Bompard estime en cette rentrée que les enseignants français sont mal payés.Leurs rémunérations sont "beaucoup plus faibles que dans le reste de l'OCDE", a-t-il assuré, ce qui expliquait en partie le manque de professeurs.Au regard des données les plus récentes, le constat de l'élu de gauche est exagéré, même si la France est globalement sous la moyenne de l'OCDE.
À l'occasion de la rentrée scolaire, près de 12 millions d'élèves ont repris le chemin des classes. Une nouvelle année qui s'accompagne d'alertes lancées par plusieurs syndicats, qui alertent sur un manque d'enseignants dans près de la moitié des établissements. Dans ce contexte, le député LFI Manuel Bompard a évoqué sur CNews les difficultés rencontrées par l'Éducation nationale pour attirer de nouveaux enseignants. Une crise des vocations qui s'explique en partie selon lui par les rémunérations proposées aux profs français. Elles "sont beaucoup plus faibles que dans le reste de l'OCDE", a-t-il expliqué.
Un constat globalement mitigé
Hasard du calendrier, l'intervention de l'élu des Bouches-du-Rhône a été suivie d'une publication par l'OCDE de son étude annuelle intitulée "Regards sur l'éducation". Des travaux très denses qui nous fournissent de multiples données et indicateurs ayant trait au monde de l'enseignement. Une partie des chiffres qui y sont compilés nous permettent de vérifier les propos de Manuel Bompard, puisque la rémunération des profs est passée au crible.
Si tous les pays de l'OCDE n'ont pas fourni des chiffres – l'Espagne manque notamment à l'appel, tout comme le Japon ou le Brésil – nous pouvons rapidement constater que la France n'est pas le pays qui rémunère le plus mal ses enseignants. L'indicateur utilisé pour effectuer les comparaisons est un salaire annuel en dollar, présenté en "parité de pouvoir d'achat", ou "PPA". Cela signifie que les niveaux de rémunérations sont rapportés au niveau de vie de chaque pays, un ajustement impératif puisqu'un salaire identique ne permet pas de vivre dans les mêmes conditions selon que l'on réside au Costa Rica ou aux Pays-Bas.
L'OCDE présente des chiffres différenciés pour les enseignants niveaux. En maternelle, les professeurs de l'Hexagone sont ainsi très légèrement mieux rémunérés que la moyenne de l'OCDE, bien qu'ils soient loin des Pays-Bas ou de la Belgique, ou les niveaux de salaire rapporté au coût de la vie sont les plus élevés. Avec des rémunérations près de deux fois inférieurs à celles observées en France, c'est la Lettonie qui ferme la marche.
En primaire, au collège ou au lycée, c'est en Allemagne que les profs sont les mieux payés. Très nettement plus qu'en France, puisque nous sommes ici à chaque fois en dessous de la moyenne de l'OCDE. Contrairement à ce qu'avance Manuel Bompard, plusieurs pays se trouvent régulièrement à des niveaux inférieurs aux nôtres. C'est le cas des pays baltes, mais aussi de la Hongrie ou du Chili. Nous pourrions aussi citer la République tchèque ou la Pologne.
Des compétences peu valorisées ?
Parmi les multiples données fournies par l'OCDE, on peut aussi se pencher sur celles qui comparent les salaires des enseignants aux salariés qui affichent un niveau d'étude semblable, mais travaillent dans d'autres secteurs d'activité. En début de carrière, on découvre ainsi qu'il est particulièrement peu intéressant de devenir prof en France, si l'on se réfère au ratio salaire/niveau de qualification. Une situation qui ne s'améliore pas après 15 ans d'expérience, et qui ne connaît un mieux qu'à l'orée de la fin de carrière. Même à l'approche de la retraite, un professeur français ne touche toutefois pas autant qu'un salarié au même niveau d'étude, mais qui travaillerait dans un autre secteur d'activité.
En Corée du Sud, un enseignant en fin de carrière peut en moyenne escompter un salaire deux fois supérieur à celui des autres salariés affichant un même niveau d'études. Il s'agit d'un record à l'échelle de l'OCDE, mais on note qu'au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Irlande ou en Grèce, il est également avantageux d'opter pour l'enseignement, au regard de niveau de salaire à l'approche de la retraite.
En résumé, il est abusif de présenter la France comme le pays de l'OCDE où les niveaux de rémunération des enseignants sont les plus faibles. En revanche, les indicateurs les plus récents montrent que notre pays se trouve majoritairement en dessous de la moyenne. À niveau d'étude similaire, un enseignant français sera par ailleurs moins bien payé que s'il travaillait dans un autre secteur d'activité.
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