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| - Volodymyr Sachala, présenté sur les réseaux sociaux comme un orphelin de moins de 18 ans, serait mort au combat en Ukraine.Ce soldat est bien décédé le 28 novembre, mais il avait 26 ans.La loi ukrainienne ne permet pas aux hommes mineurs de rejoindre l'armée.
Pour tenir tête aux soldats russes, l'armée de Kiev serait prête à tout. Quitte à faire d'adolescents orphelins de la chair à canon ? C'est ce que prétendent plusieurs publications sur les réseaux sociaux diffusées depuis le 5 décembre. "Les nazis ukrainiens ont envoyé un adolescent de 17 ans dans un bain de sang", écrit ainsi un utilisateur sur le réseau social X, partageant la photo du jeune homme, qui s'appelait Volodymyr Sachala. "Désormais, les orphelins soumis à un lavage de cerveau sont jetés au massacre", ajoute-t-il, remettant en cause l'intégralité du recrutement des forces armées ukrainiennes. Alors, Kiev envoie-t-il réellement ses enfants au front "sous prétexte qu'ils n'ont pas de famille pour les chercher" ? Nous avons vérifié.
Un jeune homme de 26 ans dans l'armée depuis 2017
Ces internautes s'appuient tous sur la même photo du jeune homme et sur la première phrase d'une publication sur Facebook. Son autrice, Oleya Chikel, est présentée par des comptes pro-russes et des médias proches du Kremlin comme "la directrice de Haydamatska Sich", l'orphelinat dans lequel aurait été hébergé Volodymyr Sachala. Nous avons remis la main sur la publication en question (nouvelle fenêtre). Elle a été mise en ligne le 2 décembre sur un groupe public d'informations et de soutien à l'Ukraine. Or, si elle annonce bien dans son message le décès de Volodymyr Sachala, "tué au front", les précisions qu'Oleya Chikel apporte dès la deuxième ligne remettent totalement en cause la version des internautes pro-russes. Citant le conseil municipal de Yavoriv, dans la région de Lviv, cette femme qui se présente comme une enseignante à la retraite assure en effet que le soldat est mort à l'âge de "26 ans". "Il a grandi et étudié ici, et a obtenu son diplôme de fin d'études. Plus tard, il est entré à l'université d'Ivano-Frankivsk."
Quel lien avec un orphelinat ? Aucun. La publication d'Oleya Chikel, qui est en fait un copier-coller de celle du conseil municipal visible ci-dessous, évoque d'ailleurs les proches du jeune homme : "Sociable, joyeux, attentif et attentionné. Il aidait souvent sa famille à faire le ménage." Le texte indique par ailleurs que cet Ukrainien s'était engagé dans l'armée dès 2017. Il était ensuite retourné à la vie civile et avait "voyagé à l'étranger pour aider sa famille" avant de reprendre les armes en janvier 2023, peu avant le début du conflit.
Selon les précisions apportées par le conseil municipal (nouvelle fenêtre) de Yavoriv, Volodymyr Sachala est décédé le 28 novembre dans un village de la région de Soumy, à la frontière russe, après une attaque de mortier. Dans une vidéo partagée par les autorités locales, on voit d'ailleurs la plaque commémorative en hommage à ce soldat tombé face à la Russie. On y lit bien que le jeune homme était né le 13 août 1997.
Le militaire n'a donc pas été enrôlé parce qu'il était orphelin. D'ailleurs, toujours sur Facebook, l'établissement cité par les médias russes a confirmé que l'information était fausse. Et que seule une partie des anciens élèves de cette institution privée "défendent aujourd'hui notre pays avec des armes à la main", ajoutant que "le plus jeune d'entre eux a 21 ans". Malgré la guerre, la législation ukrainienne sur la conscription reste inchangée. Comme le précise l'article 15 du texte sur "le devoir militaire et le service militaire" (nouvelle fenêtre), les hommes ne sont appelés au service militaire qu'une fois leur majorité atteinte.
Ce qui n'a pas empêché des blogs russes de créer cette rumeur de toute pièce, et des réseaux de propagande de la diffuser massivement. Une fausse information qui s'inscrit dans une campagne plus large de dénigrement de la part de la Russie. Ces derniers mois, nous avons ainsi vérifié plusieurs affirmations erronées au sujet du recrutement des soldats dans les forces armées de Kiev, comme celle selon laquelle les personnes âgées (nouvelle fenêtre)et les femmes enceintes (nouvelle fenêtre)seraient appelées au combat, ou cette rumeur selon laquelle le gouvernement avait appelé tous ses ressortissants vivant à l'étranger (nouvelle fenêtre) à se mobiliser dans la guerre.
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