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| - Des internautes affirment que le responsable de la météo en Suisse a volontairement manipulé les températures.Selon eux, il aurait présenté ses excuses après avoir "augmenté les températures du bassin méditerranéen de six à sept degrés".Il s'agit d'une phrase sortie de son contexte.
Depuis l'été dernier, les climatosceptiques français investissent les réseaux sociaux en quête de visibilité. Un phénomène en pleine recrudescence et qui n'épargne pas nos voisins. Pour remettre en cause l'existence du réchauffement climatique, des internautes suisses assurent avoir la preuve du "mensonge" prétendument diffusé par les médias à ce sujet. Une publication mise en ligne ce samedi 12 août affirme que "le responsable météo en Suisse" a dû "présenter ses excuses au journal télévisé pour avoir augmenté les températures du bassin méditerranéen de six à sept degrés".
Un message accompagné d'une vidéo, vue des centaines de milliers de fois. Visiblement, l'extrait de 38 secondes sélectionné par l'internaute vient du 19h30, le journal du soir de la Radio télévision suisse. Il commence avec un commentaire du journaliste, dans lequel il raconte que "l'application météo de SRF" annonçait "six à sept degrés de plus que la réalité".
"Il n'en fallait pas plus pour que la chaîne nationale soit accusée d'être instrumentalisée pour créer de la panique climatique", poursuit-il, avant de lancer le son des "excuses" du responsable du service météo de la chaîne, Thomas Bucheli. On l'entend dire : "Ça nous peine et nous vous présentons nos excuses les plus sincères pour cette erreur." Une petite phrase qui nourrit le récit des climato-sceptiques. À l'instar de Silvano Trotta, qui y voit la preuve que "les menteurs" et les "manipulateurs" ont été "pris la main dans le sac". Sauf que c'est plutôt l'extrait en question qui a été volontairement manipulé.
Une petite phrase sortie de son contexte
Pour en avoir le cœur net, il faut retrouver le reportage dans son intégralité. Accessible sur le site de la RTS (ici à partir de 18'30''), il a été diffusé le jeudi 12 août, dans le journal du soir de la chaine nationale suisse. Et il traite justement du sujet des "météorologues pris pour cible", citant l'exemple de ces internautes qui remettent en cause le réchauffement climatique.
Or, la seconde qui suit la prise de parole de Thomas Bucheli, le journaliste enchaîne sur l'origine de cette erreur de la part du service météo de la chaine. Elle est liée "aux algorithmes automatiques que fournissent les données à partir de l'étranger", argue-t-il. Rien à voir avec une exagération délibérée, contrairement à ce que laissent penser l'extrait sans cette précision.
Pour en savoir plus, nous avons retrouvé les explications du directeur de la rédaction de SRF Météo. Rejetant "avec véhémence" les accusations de manipulation, ce météorologue de formation avait simplement reconnu, graphique à l'appui, que leur algorithme de calcul a surestimé les prévisions de température lors de la vague de chaleur sur le bassin méditerranéen. "Nous en sommes extrêmement désolés, nous nous excusons formellement pour cette erreur.""Nous veillerons à ce que l'erreur soit corrigée", a-t-il ajouté, reconnaissant la nécessité d'y "répondre de manière transparente".
Nous n'influençons pas nos prévisionsThomas Bucheli, responsable de SRF Meteo
Par ailleurs, dans le reportage de la RTS, l'une des responsables de Météosuisse, Isabelle Bey, rappelait que les prévisions météorologiques ne sont pas des prédictions. Si celles-ci sont réalisées "par un condensé de connaissances scientifiques", des erreurs peuvent arriver. Des inexactitudes instrumentalisées par un "certain nombre" de personnes "pour discréditer la communauté scientifique et remettre en cause son travail, ses compétences et le changement climatique".
Pour rappel, le réchauffement climatique et son origine humaine font l'objet d'un consensus scientifique. S'il existe bien quelques climatologues pour rejeter ce principe, une méta-analyse publiée en 2016 concluait que 97% des articles publiés et évalués par les pairs sur le sujet sont d'avis que l'activité humaine a un impact sur le réchauffement de notre planète.
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