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| - Automobile : Vitesse, ceinture, assurance… Un radar multifonction installé à Brive ? C’est fauxFAKE OFF•Les radars multifonctions existent mais ne sont pas homologués pour le moment
Romarik Le Dourneuf
L'essentiel
- Selon une publication sur Facebook, la ville de Brive-la-Gaillarde (19) aurait installé des caméras multifonctions pour détecter de nombreuses infractions telle que le non-port de la ceinture de sécurité, l’usage du téléphone au volant ou le défaut d’assurance.
- Des radars ont bien été installés dans la ville mais il s’agit de caméras LAPI, qui servent à la lecture des plaques d’immatriculation, à l’usage de la police et de la justice uniquement.
- Les autorités disposent déjà d’un important arsenal de radars, mais tous ne sont dédiés qu’au contrôle de vitesse et au franchissement de feux rouges ou de passages à niveau.
Un nouveau type de caméra aurait vu le jour dans la ville de Brive-la-Gaillarde. C’est ce que dénonce un groupe Facebook dédié à la sous-préfecture de la Corrèze.
Selon cette publication, vue plus de 140.000 fois en 24 heures, des radars « nouvelle génération » auraient fait leur apparition dans la cité chère à Patrick Sébastien. L’auteur du post déclare en avoir vu une dizaine en tout. D’autres internautes réagissent et confirment avoir vu ces machines un peu partout et s’alertent mutuellement contre le développement d’une vidéosurveillance dans la ville.
Selon ce dernier, ce radar serait capable de scanner les véhicules à la recherche de possibles infractions : Port de la ceinture, vitesse, usage du téléphone, défaut d’assurance, contrôle technique, défaut de carte grise, etc. Aurait-on à faire au Robocop des radars routiers ?
FAKE OFF
La photo qui accompagne la publication prouve bien que ce radar est installé dans la ville de Brive. Contactée par 20 Minutes, la maire confirme la présence de radars dans la ville, mais elle ne souhaite pas divulguer leurs emplacements. Une rapide recherche sur Google street montre que la photo est prise sur l’avenue de Paris, en face du magasin Brivoptic, visible en arrière-plan. On retrouve le grand poteau qui porte le radar et le plus petit, un feu pour piétons, à quelques mètres.
Là ou la publication attribue à ce radar un nombre de compétences digne de « Big Brother », la mairie calme le jeu. Selon elle, ces caméras ne sont pas destinées des radars de vitesse et ne servent qu’à lire les plaques d’immatriculation des véhicules. « Elles ne sont pas destinées à un usage quotidien et sont réservées exclusivement à l’usage des forces de police nationale, gendarmerie et douane pour leurs enquêtes judiciaires, comme le signalement de véhicules volés. […] Elles ne sont pas destinées à des fins de vidéoverbalisation », précise un porte-parole de la municipalité.
Lecture de plaques d’immatriculation
La mairie nous indique que les radars cités sont de marque Tattile. On retrouve ce modèle sur le site du fabricant dans la rubrique ANPR pour « Automatic number-plate recognition ». En français : Lecture automatique des plaques d’immatriculation (LAPI). Le fabricant précise les fonctions de cette caméra : Péage, parking, contrôle d’accès et suivi routier urbain.
Certaines municipalités usent de ces caméras, mais leur utilisation est limitée au contrôle du forfait de post-stationnement. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), l’a d’ailleurs rappelée dans un communiqué en août 2020, face à des municipalités tentées de les utiliser pour traquer les infractions au Code de la Route : « La collecte et le traitement de photographies des véhicules, notamment en vue rapprochée de la plaque d’immatriculation, pour l’exercice du pouvoir de police judiciaire par les communes (en lien avec les contraventions prévues au Code de la route) ne sont pas autorisés en l’état actuel de la réglementation. »
Le radar multifonction pas encore déployé
Si des rumeurs de radars multifonctions, comme décrit dans la publication, sont régulièrement citées, avec notamment le lancement des radars Mesta 2 fusion (appelés radars tourelles). Ils ne sont pour le moment pas en fonctionnement, comme le montre la dernière réponse du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en 2021, à une question sur le sujet qui lui avait été posée à l’Assemblée nationale : « Le développement d’un module d’extension vidéo susceptible de permettre éventuellement à terme la verbalisation d’infraction par l’analyse d’images enregistrées (tels le non-port de la ceinture de sécurité, téléphone au volant, défaut d’assurance du véhicule et validité du contrôle technique) n’a été à ce jour ni commandé par l’Etat, ni développé par la société Idemia. »
Les forces de l’ordre ne sont toutefois pas démunies puisqu’elles disposent déjà d’un important arsenal de radars comme le précise le site sécurité-routière.gouv.fr.
Vitesse, franchissement et bientôt… le bruit
On y trouve donc les radars fixes. Ceux qui vont font piler lorsque vous passez devant le panneau qui indique leur présence sur la route. Les radars de franchissement, au niveau des feux rouges ou des passages à niveau, qui ne sont pas signalés. Et les radars pédagogiques, qui indiquent votre vitesse avec des messages de prévention comme RALENTIR ou DANGER. Ces derniers ne verbalisent pas les infractions. De très nombreux leurres, des faux radars, sont également utilisés par les autorités pour responsabiliser les conducteurs.
Il existe aussi des radars déplaçables. Mobiles et autonomes, ils ont la même fonction que les radars fixes mais sont installés temporairement sur des zones à risque comme des chantiers ou des tronçons sensibles sur certaines périodes. Enfin, il y a aussi les célèbres « jumelles », ces radars mobiles, embarquées dans un véhicule à l’arrêt ou aux mains d’un gendarme. Ils sont le plus souvent utilisés sur les zones accidentogènes.
Un petit nouveau pourrait bientôt faire son apparition. En test actuellement dans de nombreuses villes, le radar sonore, qui évalue et sanctionne les abus, pourrait être déployé à grande échelle dans quelques années.
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